Aucun thème précis pour cette nouvelle participation du blog au Challenge AZ initié par Sophie Boudarel, de la Gazette des ancêtres, juste une promenade à la rencontre de personnes ou d’anecdotes rencontrées au cours de mes recherches
Retrouvez les articles consacrés au Projet Edvige
Dans le cadre de mon Projet Edvige – qui consiste à essayer de retrouver qui sont les parents de mon ancêtre Edvige Colnay, enfant trouvée – j’ai entrepris de reconstituer la descendance de chacun des sept enfants parvenus à l’âge adulte d’Edvige et de son époux, Jean Pierre Pelletier.
Aujourd’hui je vous propose de revenir sur le parcours de vie d’Eugène Peltier, l’ainé de la fratrie.
C’est à Cramard, village sur la commune de Chalandray, que Eugène vient au monde le 14 août 1869, vers 20 heures. Ses parents, Jean Pierre Pelletier – dont le patronyme est orthographié Peltier par erreur dans l’acte de naissance – et Edvige Colnay se sont mariés à Chalandray le 12 novembre de l’année précédente, soit exactement 9 mois et 2 jours plus tôt. Sont témoins lors de la déclaration de naissance Charles et Xavier Dubois, deux frères voisins du jeune couple.
Le patronyme orthographié Peltier au lieu de Pelletier restera celui qu’Eugène et ses descendants vont porter. C’est sous ce patronyme qu’Eugène sera recensé par l’armée, comme plus tard son frère Clodomir, alors que le reste de la fratrie sera connu sous le patronyme orthographié Pelletier.
En mai 1872, lors du recensement à Cramard, la famille compte quatre personnes : les parents, Eugène, 3 ans, et une petite Germaine de 4 mois. Dans l’intervalle, en février 1871, Edvige a mis au monde un petit Pierre Georges, né le 4, mort le lendemain 5 février.
Au printemps 1876, la famille a quitté Cramard et habite le village tout proche de La Vauceau sur la commune de Chalandray. Ils sont maintenant six dans la famille, avec la naissance de Philomène et de Marie Louise, qui a tout juste un mois.
Au printemps 1881, la famille, qui comprend maintenant Clémentine, mon arrière grand-mère, habite désormais sur la commune d’Ayron, à la Jaumelière – qui porte maintenant le nom de La journelière. En fait tous ces villages sont dans le même secteur géographique. Mais Eugène ne vit plus chez ses parents. Le petit garçon, qui a 12 ans, est désormais domestique, gagé ailleurs … Ailleurs, mais où? Je n’ai pas encore pu le retrouver. Il n’est ni à Ayron, ni à Chalandray, ni à La Peyratte, ni à Maillé, ni à La Ferrière en Parthenay, ni à Latillé …
Au printemps 1886, lors du recensement, Eugène est domestique à La Peyratte, dans le hameau de la Frette, pour Louis Mazy et son épouse Marie Gerbeau, il a environ 16 ans.
Le 6 février 1890, Eugène et tous les jeunes gens du canton nés en 1889 se rendent à Vouillé, pour le conseil de révision et le tirage au sort. Eugène tire le numéro 3.
Eugène ne sait ni lire ni écrire, et demande à être dispensé – d’une partie du service – en tant que soutien de famille, comme ainé de 7 enfants. Sa demande lui est accordée, et il est classé dans le second groupe des soldats appelés à faire leur service militaire. Il ne partira qu’une seule année.
Sa fiche matricule nous en apprend plus sur lui. Il mesure 1,60 m, ses cheveux sont blonds et ses yeux gris bleu. Il a une tache brune, probablement une tache de naissance, à la cuisse droite. Sa fiche matricule indique qu’il réside à Chalandray, comme ses parents, qui effectivement habitent le village des Courtinières depuis au moins le recensement de 1886.
Eugène est affecté au 151e régiment d’infanterie, récemment créé en 1897 pour assurer la défense des frontières, et en garnison à Belfort, dans l’Est de la France. C’est certainement la première fois qu’Eugène part à plus de 50 kilomètres de son lieu de naissance.
Le 23 septembre 1891, Eugène est libéré et peut retourner dans le Poitou, à Chalandray.
Un peu plus d’un an après son retour, le 12 décembre 1892, son père, Jean-Pierre Pelletier, 48 ans, meurt à Chalandray. Eugène doit maintenant aider sa mère à s’occuper de ses frères et soeurs, Germaine, 20 ans, couturière, Philomène, 17 ans, Clémentine, 13 ans, Clodomir 10 ans, Norbert 3 ans et le petit dernier, Clement, 18 mois.
Eugène se gage à nouveau comme domestique, et c’est à Latillé, à la Gorlière, chez Rosalie Bahuault, la veuve Pain, que je le retrouve au printemps 1896.
Domestique dans des exploitations agricoles, Eugène se déplace au rythme des places qu’il trouve. C’est ainsi qu’au printemps 1901, il est à nouveau domestique à la Peyratte, dans le hameau de la Pionnière, chez René Martineau.
Dans le même village, Alexandrine Doret – Victorine Hortense Alexandrine selon l’état civil – est servante chez François Comte. Elle a 29 ans, il en a 31, il est temps qu’ils s’installent.
Ils se marient le 29 juin 1901 à La Peyratte et restent vivre à la Pionnière, où ils sont tous deux journaliers. En fait, ils continuent à travailler pour leurs anciens maîtres, mais ont désormais une petite maison qu’ils louent.
Le 27 juillet 1902, Alexandrine met au monde une fille, Clotilde Ernestine.
Le 11 mars 1906, c’est un garçon qui nait au village de la Pionnière, à la Peyratte, Aimé Auguste Peltier.
L’agent recenseur passe au village avant l’accouchement d’Alexandrine, même si le maire date l’état de recensement du 31 mars 1906.
Le 1er juillet 1912, Edvige Colnay, 63 ans, la mère d’Eugène, meurt à Chalandray, dans sa maison de La Vauceau.
Eugène et sa famille habitent probablement encore à La Peyratte quand la guerre éclate, en août 1914. La classe 1889 appartient à la réserve de l’armée territoriale, elle est rappelée entre le 20 avril et le 1er mai 1915.
Eugène a été rappelé plus tôt, affecté au 68ème régiment d’infanterie territoriale de Poitiers, versé dans le service des GVC – Gardes des Voies de Communication – depuis le 11 mars 1915. Mais il passe en commision de réforme le 22 juin 1915, et il est réformé. Il reste réformé jusqu’à la fin de la guerre, et bénéficie même d’une pension d’invalidité de 30% en juillet 1920. Les données de sa fiche matricule sont contradictoires sur son retour véritable à l’activité militaire – 11 mars ou 20 avril1915 ? Mais il a effectivement été réformé le 22 juin 1915.
Les frères et beaux-frères d’Eugène ont été plus directement affectés que lui par cette longue guerre, mais personne dans la famille proche n’est mort au combat ou n’a été fait prisonnier. Dans une fratrie aussi grande, c’est un petit miracle.
Eugène et Alexandrine quittent la Peyratte et partent s’installer dans l’Indre, à Rosnay, au milieu des étangs de la Brenne. Lors du recensement de 1921, ils habitent seuls, tous les deux dans le bourg de Rosnay. Pourtant, leurs enfants sont encore jeunes : Clotilde, si elle est encore vivante, a 19 ans, peut-être est elle partie travailler comme domestique en région parisienne. Clotilde n’a plus laissé trace dans les archives de La Peyratte depuis le recensement de 1906, elle n’y est pas décédée a priori, ni ne s’y est mariée. Aimé Auguste n’a que 15 ans en 1921, il est probablement gagé quelque part comme domestique, sans que j’ai pu en savoir plus. Aimé Auguste va avoir une descendance, la mention de son mariage a été inscrite sur son acte de naissance. Mais en 1921, il ne vit déjà plus au domicile de ses parents.
Lors du recensement de 1926, Eugène et Alexandrine habitent toujours à Rosnay, toujours seuls tous les deux, mais cette fois dans le village des Hénards.
Le 15 novembre 1926, ils sont présents à Chalandray pour le mariage d’Achille Reau, le neveu d’Eugène, le fils de sa soeur Clémentine, avec Marie Rose Guignard. Achille et Marie Rose sont mes grands parents.
Ils sont identifiés avec précision sur l’article que j’ai consacré à l’analyse de cette photographie.
Le 7 décembre 1927, dans sa maison de Rosnay, Eugène Peltier décède. Il n’a que 58 ans. Sa veuve, Alexandrine, lui survit jusqu’en 1935. Elle décède dans la maison du village des Hénards, le 14 mars 1935. Son décès est déclaré par leur fils Aimé Peltier.
La descendance d’Aimé vit en Bretagne, région dont est originaire son épouse. J’ai déjà tenté sans succès d’entrer en contact avec eux, pour partager l’histoire de leur ancêtre, et tenter de les intéresser à ma recherche des parents de notre aïeule commune, Edvige.
Cet article est une bouteille à la mer, en espérant qu’un des arrières arrières petits enfants d’Eugène aura envie d’en savoir plus.
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