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Marie Rose Guignard – 1908-1969 – 1 – L’enfance

Ecrit par

Brigitte Billard

Publié le

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A l’occasion de la Sainte Marie, le 15 août, les généablogueurs sont invités par Geneatech à mettre en valeur les Marie de leurs arbres.

Après avoir envisagé une infographie concernant les 193 Sosa de mon arbre qui portent le prénom Marie, j’ai choisi plutôt de vous parler de ma grand-mère maternelle, Marie Rose Guignard, la Sosa 15 de mes enfants, la plus récente de leurs Sosa à porter le prénom – composé ici – de Marie, une grand mère que j’ai connue et que je n’avais pas encore eu le courage d’évoquer. Mamie, c’est ainsi que je l’appelais dans mon enfance. A la fois tendre et sévère, elle cuisinait les meilleures pommes de terre sautées que j’ai jamais mangées. Née et morte à Latillé, elle a pourtant vécu sa vie de femme ailleurs, à Saumur, Paris et Alger.

Marie Rose Guignard, mamie, c’est aussi un des maillons de ma lignée maternelle, une de mes filles d’Helena, ainsi que je les appelle. Vous pouvez retrouver mes articles consacrés à cette lignée ici.


Le samedi 14 mars 1908, Adrien Guignard, 31 ans, menuisier au Petit Bourg à Latillé, dans la Vienne, se présente à la mairie, accompagné de l’instituteur, Auguste Dupont, et du garde-champêtre, Auguste Richard. Il vient déclarer la naissance de son premier enfant, Marie Rose, née la veille à 22 heures, de son épouse Marie Angèle Quintard, 32 ans, sans profession (1). Pourquoi son père François Guignard et son beau-père François Alexandre Quintard ne l’ont ils pas accompagné pour être témoins de la naissance de cette petite fille, le seul petit enfant que François Guignard aura, et le second petit enfant de François Alexandre Quintard, qui lui n’en aura que trois ? Les témoins de l’acte, Adrien les a probablement trouvés à l’école – dans le même bâtiment que la mairie – et à la mairie même.

Mairie de Latillé – 1908 – Collection personnelle

Marie-Rose est ondoyée le 26 mars 1908, à Latillé, soit treize jours après sa naissance. Pourquoi n’a t’elle pas directement été baptisée? Pourquoi a t’on attendu, pour l’ondoiement, puis ensuite pour le baptême, qui est célébré dans l’église de Latillé le 7 juin 1908. Le parrain de Marie Rose est Auguste Quintard, le demi-frère de sa mère, fils de François Alexandre Quintard et de Marie Madeleine Reau, la première épouse de François Alexandre. Auguste, ou plutôt Pierre Augustin, selon son acte de naissance, est régulièrement appelé Xavier, Xavier Quintard, par toute la famille. La marraine de Marie Rose est sa tante paternelle, Marie Guignard. Tante Marie – comme maman l’appelait – a travaillé plusieurs années avant la guerre 14-18 à Paris, rue de l’Université. Peut-être est ce pour attendre son arrivée depuis Paris qu’on a repoussé le baptême du bébé ?

Née à Latillé, la dernière des Sosa de mes enfants à être née dans la commune, Marie Rose y côtoie ses quatre grands parents. Quant à ses ancêtres, comme le montre l’arbre ci-dessous, ils sont tous du Poitou, relativement proches, les plus lointains venant de Saint-Christophe-du-Bois, à côté de Cholet.

Heredis – Ascendance par commune de Marie Rose Guignard
Umap – Geolocalisation des ancêtres de Marie Rose Guignard – 6 générations

Marie Rose est fille unique. Mais elle n’est pas seule. Certes, elle n’a que deux cousins germains, du côté de sa mère, mais ses oncles et tantes sont très présents, même s’ils n’habitent plus à Latillé. Les grands-parents de Marie Rose eux y habitent toujours. D’ailleurs, elle vit ses premières années dans la même maison que ses grands parents paternels, François Guignard et Eglantine Peroche, au Petit Bourg de Latillé, juste en face du petit chemin qui dessert l’église.

Ses grands parents maternels, François Quintard et Louise Reau, vivent au Bardeau, dans le haut du bourg, à une dizaine de minutes à pied. Et tout le monde se retrouve pour la messe à l’église le dimanche, juste en face de la maison où habite Marie Rose.

On accède à la maison par une venelle, un petit chemin couvert, qui passe sous la maison qui donne sur la rue. Si on continue de suivre la venelle, on arrive au jardin, puis au pré qui borde l’Auxance. C’est là qu’est installé le lavoir de la famille, là que Marie Angèle, la maman, vient laver son linge, cultive ses légumes. La maison est très simple, deux grandes pièces l’une au dessus de l’autre, reliées par un escalier raide en bois. Une fenêtre à chaque étage, qui donne vers l’Ouest. Les meubles ont probablement tous été fabriqués par Adrien et son père, menuisiers. Une cheminée pour se chauffer et faire la cuisine, ni eau courante ni électricité, bien sûr. Dans la cour se trouve la boutique, l’atelier des deux hommes.

A quelques mètres dans la rue, en retournant vers le bourg, il y a l’école libre, où les sœurs apprennent à lire et écrire aux petites filles de Latillé. C’est là que Marie Rose ira à l’école.

Si on suit la route dans l’autre sens, vers Ayron, très vite on arrive devant la maison que François Guignard a construite, au lieu dit le Point du Jour, et où il habite avec Eglantine son épouse. Je ne sais pas exactement quand le couple s’installe dans leur nouvelle maison, mais elle n’est qu’à une centaine de mètres de la boutique, et de la maison où vit la famille d’Adrien.

La maison familiale vers 1925 – collection privée

Vers 1910, Marie Rose est prise en photo. C’est le portrait le plus ancien que j’ai d’elle, elle a probablement 3 ou 4 ans. La photographie n’est malheureusement pas datée, du moins l’exemplaire que j’ai, qui n’est pas un original.

En février 1912, François Alexandre Quintard, 73 ans, décède à son domicile à Latillé. C’est la première fois que Marie Rose est confrontée à la mort dans sa famille.

Quand la guerre éclate, en août 1914, nombreux sont les hommes de Latillé qui partent rejoindre leurs unités. Les maris des tantes Quintard, Marcel Grateau et Eugène Lutreau, partent dès le début d’août. Le père de Marie Rose ne part pas, il a été réformé pour défaut de taille en janvier 1897, quand il a passé le conseil de révision avec la classe 1896.

Mais pour aider la France dans son effort de guerre, les parents de Marie Rose confient leurs quelques économies lors des emprunts de l’état.

Sur le front loin de Latillé, la guerre fait des ravages. Il faut mobiliser plus de soldats, rappeler certains réformés. C’est le cas d’Adrien, le père de Marie Rose. Le 19 mars 1915, Adrien quitte sa famille et Latillé à destination de Blois, où il rejoint le dépôt du 39ème régiment d’infanterie territoriale, puis prend avec ses compagnons le chemin de l’Est de la France. Marie Rose ne reverra jamais son papa. Mi mai 1915, Adrien tombe malade, à Tonnerre. Il y est soigné. Marie Angèle, son épouse, prévenue, obtient de l’aide de la mairie de Latillé, un certificat d’indigence qui va lui permettre d’utiliser gratuitement le train pour aller voir comment va Adrien.

Malheureusement peu après son départ de l’hôpital, Adrien s’éteint, terrassé par une méningite, le 21 mai 1915. Marie Rose n’a que 7 ans, et comme tellement d’enfants en France, elle est désormais orpheline.

C’est à cette période également que tonton Auguste, Auguste Quintard, le jeune frère de Marie Angèle Quintard, classe 1915, doit partir au front. Marie Angèle et Marie Rose sont très proches de ce frère, de cet oncle, qui les laisse à son tour. Qu’a pensé la petite fille en voyant s’éloigner cette silhouette familière qui peut-être lui aussi n’allait pas revenir ?

Le 20 février 1917, c’est la grand-mère maternelle de Marie Rose, Louise Angèle Reau, qui meurt à 68 ans dans sa petite maison du Bardeau. Que de déchirements pour cette petite fille, comme pour tous les enfants autour d’elle.

Quand les autorités françaises mettent en place le statut de pupille de la Nation, par la loi du 27 juillet 1917, Marie Angèle dépose un dossier pour sa fille. Certes, rien ne remplace un père disparu, mais la petite aide apportée par l’Etat est importante pour que Marie Angèle puisse élever son enfant.

Marie Rose est « adoptée par la Nation » le 7 novembre 1918, par un jugement du tribunal de Poitiers. (2) Grâce à ce nouveau statut, elle peut entrer en apprentissage chez une couturière du village de Puy Hervé, Marie Treillard, entre le 1er mars 1921 et le 1er mars 1923. Pendant deux ans, la toute jeune fille de 13 ans apprend la couture.

La patronne, Marie Treillard, est née Marie Grolleau, à Vasles, le 14 février 1880. Le 30 septembre 1901, elle a épousé à Vasles Auguste Victor Treillard, 36 ans. En 1902, ils habitent à Thénezay, et viennent s’installer dans le village de Puyhervé – ou Pervé selon certaines graphies – avant 1906, où on trouve leur famille dans le recensement de Latillé. L’époux est maçon, l’épouse est donc couturière, et leur fille Alida, née en 1902, se marie peu de temps après que la petite Marie Rose arrive en apprentissage, le 30 avril 1921. Peut être Marie Rose a t’elle travaillé sur la robe de mariée de la fille de sa patronne, faisant des ourlets ou surfilant les différentes pièces de la robe. A t’elle regardé la jeune fille et le cortège de la noce passer devant sa maison, descendant le chemin qui vient de Puyhervé pour aller à la mairie puis revenant ensuite à l’église, comme nous le faisions enfants en vacances dans la maison, à Latillé, pendant que les cloches emplissaient l’air d’un carillon joyeux ?

A partir de mars 1923, Marie Rose a fini son apprentissage de couturière. Elle travaille probablement à façon pour d’autres couturières du village, mais elle est bien trop jeune pour se mettre à son compte et prendre des clientes, elle n’a encore que 15 ans.

Courant 1926, Marie Rose est invitée à un mariage, à Latillé ou dans les environs. Le mariage de qui, je l’ignore. Ce jour-là, elle rencontre un jeune homme de 22 ans, maréchal des logis à l’école de cavalerie de Saumur, lui aussi invité au même mariage. Il est originaire d’Ayron et s’appelle Achille Reau. Les jeunes gens sont cousins issus de germain, la grand mère maternelle de Marie Rose, Louise Angele Reau, morte en 1917, était la jeune soeur d’Hilaire Reau, grand père paternel d’Achille, mort en 1885. Les jeunes gens se connaissent ils déjà? Achille ne vit plus à Ayron depuis son service militaire quand il s’est engagé, quittant la ferme familiale. Quoiqu’il en soit, la légende familiale raconte qu’au lendemain de cette noce, Achille a dit à sa mère qu’il avait rencontré la jeune fille qu’il voulait épouser.

C’est ainsi que le 15 novembre 1926, Marie Rose Guignard, 18 ans, épouse Achille Reau, 22 ans, à la mairie de Latillé, puis à l’église de Chalandray.

La suite est une autre histoire, que je vous raconterai une prochaine fois.

A suivre

Sources et liens

  1. AD86 – Naissances Latillé 1903-1912 – Acte 5 vue 45/93
  2. AD86 – Dossier d’adoption par la Nation de Marie Rose Guignard – 3 R 259

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