Retrouver une branche inconnue grâce à l’ADN – 4

Ecrit par

Brigitte Billard

Publié le

Temps de lecture : 5 minutes


Etape 4 – Toutes mes recherches ne seront pas couronnées de succès ….. tout de suite – 1




Retrouvez les articles précédents :


Pour rendre cet article plus facile à lire, j’ai dû le scinder en deux parties. La seconde partie sera publiée dans quelques jours.


On lit sur internet deux types d’articles sur les analyses ADN à visée généalogique : ceux qui se font l’écho de réussites étonnantes, de fratries séparées à la naissance qui se retrouvent à l’âge de la retraite, par la magie d’une correspondance ADN, ou de réunions de parents et enfants; et ceux qui mettent en avant les quelques crimes non résolus depuis des années – voire une ou deux décennies – et qui brusquement sont élucidés, parce que la police a utilisé les bases de données génétiques à visée généalogique et par la magie d’une correspondance ADN a retrouvé la trace du coupable.

Dans le premier cas, ce sont souvent les sociétés d’analyse qui sont à l’origine des articles, et qui mettent en avant leur produit, une sorte de publi-reportage, une technique qui confine plus à la publicité qu’au reportage réel. Dans le second cas, ce sont les défenseurs de la vie privée qui la plupart du temps mettent en avant quelques réussites policières pour effrayer le client potentiel : regardez, regardez, si vous faites une analyse ADN, votre ADN va être utilisé contre vous et toute votre famille par le FBI/les autorités/la police/le prochain dictateur …. Dans les deux cas, l’angle choisi pour écrire l’article permet de faire l’impasse sur une réalité à laquelle le généalogiste lambda qui se lance actuellement dans ce type de recherche se heurte immédiatement.

Retrouver quelqu’un, c’est compliqué – très compliqué – ca prend du temps – beaucoup de temps – et très souvent ça ne mène à rien du tout ….

Si vous voulez vous faire une idée plus précise de la façon dont la police aux USA utilise depuis quelques mois les bases de généalogie génétique pour essayer de résoudre des meurtres non élucidés, lisez l’article d’août 2018 consacré à Cece Moore, une des figures de la généalogie génétique. Elle y explique que sur 100 cas qu’on lui propose, après quelques heures de recherche rapide, elle n’en traite qu’une petite dizaine – parce que pour les autres, retrouver une piste fiable n’est actuellement pas vraiment possible. Pour exploiter une piste, il faut qu’elle existe et qu’on puisse la suivre. Si vous ne trouvez que quelques correspondances ADN inférieures à 20 cM et sans un rudiment d’arbre en ligne, vous ne pourrez pas aller plus loin, tout simplement.

Sur les traces des ancêtres de mon mari – une recherche à très très long terme

Après les quelques exemples de réussite que je vous ai proposés dans les articles précédents, parce qu’il y en a quand même, laissez moi vous raconter une recherche en cours sur une des plus intéressantes correspondances ADN de mon mari.

Avant de commencer, voici l’état des recherches concernant l’ascendance de mon mari sur 8 générations, c’est-à-dire en théorie la plage possible des correspondances ADN. En théorie, son génome peut avoir des traces des ancêtres de la 8ème génération indiquée sur ce diagramme, ténues, certes, mais qui peuvent permettre d’obtenir une correspondance.

Comme vous le constatez, les pistes à explorer sont encore très nombreuses ….

Le père de mon mari était fils unique, son grand père paternel avait eu une soeur, morte avant d’arriver à l’âge du mariage. Sa grand mère paternelle, Adele, a eu des frères et soeurs, des neveux et nièces, dont nous ne connaissons qu’une seule descendante. Les origines paternelles d’Adele sont autour de Stuttgart, dans le Baden-Würtemberg, et sa famille vivait à Odessa depuis le milieu du 19è siècle. La mère d’Adele venait de Venise, et nous n’en savons à peu près rien de plus.

Mon mari n’a ni oncle ou tante, ni cousins germains à tester.

Quand vous testez votre famille proche, vous pouvez comparer les correspondances que chacun de vous a obtenues. Disons que vous faites tester votre cousin germain du côté de votre mère. Toutes les correspondances que vous trouverez à la fois dans ses résultats et les vôtres vous indiquent que les ancêtres communs se trouvent dans votre branche maternelle et en aucun cas dans votre branche paternelle. C’est un indice qui va vous donner la première direction pour vos recherches.

Dans le cas de mon mari, c’est un outil dont je ne dispose pas et il m’est donc impossible quand j’étudie ses correspondances de savoir facilement si je dois travailler sur le côté paternel ou maternel de son arbre.

Mon mari, que je vais dorénavant appeler MS dans cet article pour en faciliter la lecture, a plus de 1300 correspondances chez Ancestry, dont 53 supérieures à 20 cM. Il en a un peu plus de 2000 chez MyHeritage ….

Cool ….

Oui mais non …

Parmi les quelques correspondances peut-être « utilisables », peu ont aussi mis en ligne un arbre au delà de la génération – privatisée – de leurs parents …

C’est pourquoi la correspondance de MS avec Cami, une correspondance dont je dispose depuis déjà plus de 2 ans, est aussi importante pour mes recherches.

Correspondance entre MS et Cami chez Ancestry

Qui plus est, Cami a elle aussi transféré ses résultats chez MyHeritage, dont l’interface utilisateur est clairement plus parlante et pratique, bien que les fonctionnalités vraiment utiles, comme la triangulation ou l’accès à l’arbre de vos correspondances, soient depuis janvier 2019 réservées aux clients abonnés payants au site. Si vous avez fait une analyse chez MyHeritage, pour aller plus loin que la video sur des origines présumées, il vous faudra un compte payant, ce qui est mon cas.

Correspondance entre MS et Cami chez MyHeritage

Grâce à l’arbre très complet mis en ligne par Cami, je sais que ses ancêtres viennent en très grande majorité d’Ukraine et de Crimée, et avant cela du duché de Würtemberg. Ils ont participé à la colonisation de la Crimée et ont ensuite quitté la Russie pour aller s’installer dans le nord des Etats Unis, principalement dans le Dakota. Ce chemin migratoire est un des classiques du peuplement des Etats Unis, et il est étudié par une association très efficace – mais dont l’adhésion est chère – le GRHS – Germans from Russia Heritage Society.

Qui plus est, dans les ancêtres de Cami avant le départ du Würtemberg se trouve une famille Müller. Müller, comme Maria Christina Müller, ancêtre de MS à la génération 7, vivant à Stuttgart, capitale du Würtemberg, dont le petit-fils Wilhelm Albert Kühner, grand père d’Adele, a quitté Stuttgart pour s’installer à Odessa, où sa famille vivait toujours en 1914. Un chemin migratoire identique, une correspondance ADN indiquant un cousinage au niveau d’une génération 7, et un patronyme en commun …. Une piste clairement intéressante, non ?

Pourtant, pas moyen de trouver un rapprochement entre mes Müller, à Stuttgart vers 1740-1800, et les Müller de Cami , à Sandhausen à la fin du 18è siècle …

J’ai progressé dans mon enquête quand les résultats de MS ont été téléchargés dans MyHeritage. Dans les correspondances triangulées proposées par l’application, il y avait des éléments qui m’ont permis d’avancer …. un peu. Il y avait triangulation entre MS, Cami, une certaine Christi, un Bryant et une Claudia. Une triangulation concernant 5 personnes, voilà un indice très pertinent.

Quelque part, dans l’arbre de MS, de Cami, de Christi, de Bryant et de Claudia, il y a en théorie un couple d’ancêtres communs, dont chacune de ces cinq personnes a reçu dans son ADN un petit segment du chromosome 6. Claudia vit en Allemagne, Cami, Christi et Bryant aux Etats Unis. Cami a des ancêtres venant d’Allemagne, Christi et Bryant n’ont pas vraiment d’arbre en ligne.

En revanche, grâce à MyHeritage, je sais que Christi et Cami ont entre elles une correspondance de 433,7 cM, elles sont probablement cousines issues de germain. Si je retrouve leur lien, leur couple d’ancêtres communs, cela me donnera une piste à remonter – jusqu’à peut-être le couple d’ancêtres partagés avec MS ?


Dans la seconde partie de cet article, je vous expliquerai comment j’ai retrouvé l’ancêtre commun de Christi et de Cami, comment j’ai ensuite rapproché cette information des correspondances partagées entre Cami et MS que me proposait Ancestry et où j’en suis après plusieurs journées de recherche sur cette unique correspondance ADN

Sources et liens


2 réponses à “Retrouver une branche inconnue grâce à l’ADN – 4”

  1. Cette étude est de plus en plus passionnante et je l’ai partagée sur ma page Facebook car une de mes amies est très intéressée par le sujet. Elle est à peu près dans une situation similaire à celle de ton mari, fille unique de parents enfants uniques, elle aimerait connaître son patrimoine génétique…

    1. Brigitte

      Merci. C’est une branche absolument passionnante et complexe de la généalogie, qui exige du temps, des efforts et de l’imagination pour avancer. Et c’est surtout particulièrement frustrant, parce qu’entre le moment où tu trouves une piste viable, et le moment où tu résouds l’énigme, il y a beaucoup de temps …Merci de continuer à me lire

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