Ma semaine aux Archives Nationales d’Outre Mer

Ecrit par

Brigitte Billard

Publié le

Temps de lecture : 5 minutes


Je ne fais de la généalogie de façon un peu sérieuse que depuis à peine deux ans, et je suis encore en phase de  rodage. J’ai besoin d’acquérir de l’expérience, et chaque fois que j’en ai l’occasion, j’essaie de participer à un des séminaires de la Revue Française de Généalogie. Outre l’aspect pédagogique du séminaire, dont j’apprends toujours quelque chose – oui toujours même quand je crois le contraire – , il y a  beaucoup à apprendre de l’échange avec d’autres généalogistes.

J’ai donc participé courant juin au séminaire organisé à l’intérieur des Archives Nationales d’Outre Mer, par la RFG. Les participants avaient en commun leur origine pied noire, une histoire difficile et très récente, qu’ils avaient pour la plupart vécue pendant leur adolescence. L’émotion a plus souvent été présente et parfois mal maitrisée que lors des séminaires auxquels j’avais précédemment participé.

Côté séminaire lui même, j’attendais un peu plus de pratique et de résolution de cas concrets, mais je comprends qu’il soit difficile d’organiser de vrais travaux pratiques, surtout quand la connection internet est défaillante. Je suis sûre que nos commentaires ont été pris en compte par la RFG et que la prochaine édition de ce séminaire sera revue dans ce sens.

Tant qu’à partir à Aix, j’ai décidé d’y rester toute la semaine, et j’avais donc programmé deux jours de recherches supplémentaires. Je m’étais préparée, j’avais étudié les inventaires en ligne, je savais ce que je voulais voir en priorité dans mon arbre, et malgré ma préparation et le stage qui aurait dû me rendre rapidement efficace, j’avoue que j’ai galéré.

Un carton des Archives Nationales d'Outre Mer
Un carton des Archives Nationales d’Outre Mer

Jusqu’à présent, chacun des centres d’archives dans lesquels je me suis rendue a sa façon propre de procéder. La théorie semble partout la même, mais c’est dans la pratique au niveau des mille petits détails que se cache le diable – et l’impression à chaque fois d’arriver en terra incognita.

Commençons par la Carte de lecteur. Si vous avez une carte valide délivrée par les Archives Nationales de Paris ( Pierrefitte ou Fontainebleau ), prenez la, et essayez de mettre la main sur le justificatif de paiement qui vous a été remis quand vous avez payé votre adhésion annuelle. Muni de ce sésame, vous pourrez refaire une carte – eh oui, on est aux Archives Nationales, mais ici c’est une autre carte ….. – sans payer. Si vous avez perdu ou oublié de prendre votre petit justificatif, il est probable que comme dans mon cas, la personne à l’accueil téléphonera à Paris pour connaitre la validité de votre carte. Ca aurait pu être plus simple – une seule carte pour tous ces différents lieux dépendant de la même direction et des mêmes serveurs informatiques, mais si vous vous présentez après 9h30, quand le gros des lecteurs est arrivé, c’est assez rapide et cela ne représente pas une trop grosse contrainte.

Côté vestiaires, deux bons points : leur numéro est donné par l’accueil en même temps que votre place en salle de lecture, et la clef est fixée à un gros anneau de bois bien visible. Ca change des casiers à code catastrophiques de Pierrefitte et Paris – retenir le numéro du casier et le code, génial ….. – et de la petite clef du SHD que vous avez toujours peur de perdre …. Donc un bon point pour Aix.

Pour monter en salle d’inventaire et de lecture, vous allez laisser vos petites affaires dans le casier du vestiaire et ne prendre que des feuilles volantes – vraiment des feuilles, pas un bloc avec feuilles détachables ou des chemises avec des feuilles dedans, comme je l’ai vu à Paris ou Vincennes. Pas non plus de stylo à bille, bien sûr, même si certains lecteurs continuent à s’étonner qu’on ne leur laisse pas prendre de surligneur ou de stylo à encre. Les ordinateurs ( sans housse ), tablettes et appareils photo numériques sont admis en salle d’accueil, mais je n’ai pas vu de prise où les brancher en salle de lecture. Pensez à avoir une batterie rechargée avant de venir.

Vous voici enfin en salle de lecture. Il est temps de comprendre comment fonctionne le système des levées pour obtenir les documents que vous souhaitez consulter. Sur le papier, vous avez droit à un nombre considérable de documents par jour : 12 microfilms, 6 cartons, 6 livres de la bibliothèque, et plusieurs cartes. Les documents sont disponibles en gros 20 minutes après  la levée à laquelle vous les avez commandés. En théorie, c’est donc un paradis pour le chercheur. En pratique, c’est un peu plus compliqué. Je n’ai pas encore tout compris et il faut une certaine habitude pour savoir quoi commander quand pour ne pas être au chômage technique entre 12h et 14h – je me suis fait avoir les deux jours. Les levées s’échelonnent entre 9h15 et 15h45, toutes les demies heures, sauf entre 11h30 et 13h30. Vous ne pouvez avoir en attente que 2 documents de chaque genre. Disons par exemple que vous souhaitez consulter 10 microfilms dont vous avez les cotes : vous ne pouvez pas les commander tous en une fois, puis venir les chercher au fur et à mesure. Vous ne pouvez les commander que deux par deux. Je comprends à quelles nécessités répond ce système, mais il oblige à une gestion prévisionnelle un peu compliquée de son temps, surtout quand on manque de pratique. Au niveau réservation de documents pour le lendemain, c’est aussi un peu complexe. Si vous commandez pour le lendemain à l’ouverture, votre commande doit avoir été passée sur le terminal informatique au plus tard à la levée de 15h, sinon vous devrez attendre 14h pour disposer de votre « butin ». La première levée est à 9h15, mais si on tient compte du monde à l’accueil, des formalités éventuelles et du passage au vestiaire, si vous voulez commander un document à 9h15, vous allez devoir faire fissa, comme on disait sur l’autre rive de la Méditerrannée, et en plus connaitre déjà la cote du document que vous souhaitez commander. Et ce document, vous l’aurez à 9h45 …. Sauf si vous avez pensé 48h plus tôt à le commander en ligne ….

Honnetement, ce n’est pas vraiment plus complexe qu’à Paris ou Vincennes, mais cela demande une organisation un peu différente. Si vous ne venez que pour une journée, et que vous ne connaissez pas le système ou les fonds, ne prévoyez pas de repartir avec des trouvailles exceptionnelles. Vous passerez votre première matinée à trouver vos cotes et les commander, et vous aurez ensuite 2h45, de 14h à 16h45 pour essayer de trouver votre bonheur. Si vous venez de loin, pensez à rester au moins deux jours, c’est à mon avis un minimum. Lors de ma prochaine visite, hors vacances scolaires, je resterai trois jours, histoire de mettre la main sur les documents correspondant à la dizaine de cote que j’ai déjà listées et pas pu consulter, et d’éplucher l’inventaire à la recherche d’autres trésors. J’ai déjà vu des pistes un peu partout qui m’intéressent, dans les inventaires qui ne sont pas en ligne et qui méritent que je leur consacre du temps. Next time …..

Aix1

Sur le plan pratique, si vous ne connaissez pas Aix, prévoyez de trouver un hôtel dans le centre, à proximité immédiate des lignes de bus 7 ou 8, qui s’arrêtent à la station Schumann, à 100 mètres des Archives. Aix est une ville très agréable, et vous n’aurez pas envie de passer votre soirée devant un minuscule écran de télé dans un hôtel sans intéret de faubourg. Les archives ferment à 17h, ce serait dommage de ne pas profiter de votre passage en ville pour aller à la découverte de son histoire et de ses bâtiments.

Pour ne pas vous lasser, je vous parlerai de ce que j’ai trouvé et de ce que j’ai compris qu’on pouvait trouver dans un prochain billet.


6 réponses à “Ma semaine aux Archives Nationales d’Outre Mer”

  1. anne legendre

    Je vois que tu tires les mêmes conclusions sur ce stage que moi : je m’attendais à un peu de pratique, car auparavant j’avais déjà galéré…!!!pour les optants et les concessions.
    Ce stage m’a fait découvrir les arcanes du fonds F80, qui le 1° jour m’a permis de m’occuper sérieusement et de faire des découvertes géniales avec seulement deux gros dossiers, par contre le 2° jour j’ai ramé avec les microfilms…comme toi….et je suis reparti bredouille car consulter une vue par microfilm est vraiment rapide et on est au chomage le reste du temps.
    Ils devraient être en libre service comme dans beaucoup d’autres A.D. où tout se passe bien car les « clients » sont en général soigneux et dicisplinés. Quelques classeurs sur les cassiers pour l’inventaire et tout se passe très bien.!!!

    1. Renée laville

      Merci, Brigitte, pour ce retour d’expérience dont je partage l’essentiel.
      Après ce premier survol des archives des Anom, assez complet mais restant théorique, un autre stage consacré à la pratique serait le bienvenu.
      Je me suis heurtée aux mêmes difficultés dans le passé et ne suis toujours pas au point.

      Quant à l’émotion, très vive encore dans les générations ayant vécu en Algérie, il me semble qu’elle serait (sera) davantage canalisée, donc maîtrisée, dans l’exercice de travaux pratiques, ceux-ci centrant l’attention et mobilisant l’intellect sur la recherche d’éléments de type historique, sociologique, vie quotidienne etc bien concrets.
      Toutefois, cette douleur gravée au coeur du vécu et de la mémoire individuelle et collective de ces pieds-noirs résulte, comme tu le soulignes, d’évènements traumatisants encore récents. Ceux qui n’auront ni vécu en l’Algérie ni connu l’exil, bien que concernés, aborderont la recherche généalogique de façon plus distanciée.

  2. Ça me fait un peu penser aux 12 travaux d’Astérix et la recherche du formulaire A-38.
    Merci pour cette expérience !

  3. Merci de faire partager ton expérience aux ANOM.
    Même si tu as galéré en terme de « productivité », je vois que tu as bien profité de ta semaine aixoise.
    Et sinon, pour la commande de documents, les règles ne sont jamais les mêmes d’un centre d’archives à un autre.
    Il faut vraiment arriver tôt si on veut en profiter un minimum.

  4. Et pourtant tu as l’habitude d’aller d’un service d’archives à l’autre ! Prendre trois jours de recherche, c’est en effet une des leçons à tirer de ton expérience, mais c’est parfois difficile à mettre en pratique !
    Merci pour ce billet !

    1. Brigitte

      merci pour le commentaire Gloria. Je commence à croire qu’une première visite dans un service d’archives prend plus de temps que la suivante. Mes premières fois sont toujours un peu compliquées 🙁 …..

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