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Usurpation d’identité

Ecrit par

Brigitte Billard

Publié le

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Je ne suis pas une généalogiste très organisée, je saute facilement d’une branche à l’autre au gré  des pistes que je trouve ou de l’inspiration du moment.

Le week end dernier, après de longues heures à renommer des sources informatiques pour les rendre plus parlantes  – voir mon article précédent sur ce sujet – je suis allée me promener dans les registres des Archives Nationales d’Outre Mer, à la recherche de détails sur Paolo Marchese et Angela Pittaluga, les arrières grand parents de ma grand mère Marcelle Risse, épouse Billard.

J’avais trouvé leur nom sur l’acte de mariage de Marie Emmanuelle Marchese avec Francesco Risso le 24 novembre 1846 à Alger, mais je n’avais pas encore pris le temps d’aller plus loin. Je savais qu’ils étaient présents au mariage de leur fille, et je pouvais donc supposer qu’ils habitaient en Algérie.

Les Archives d’Algérie ont été indexées, ce qui n’est pas le cas des autres archives départementales françaises et simplifie grandement les recherches. Inutile de passer des heures à lire des registres un peu au hasard, vous faites une recherche sur un nom de famille et toutes les occurences correspondantes de la base  vous sont proposées. Mais sur certains noms, cela peut représenter des pages et des pages de possibilités … Ajoutez à cela les orthographes parfois changeantes des noms et prénoms d’origine italienne, et votre tache se complique.

J’ai donc commencé par chercher les mariages de Marchese – donc possiblement des enfants de Paolo et Angela – dans les années 1840/1860. Le but était à la fois de reconstituer la fratrie de Marie Emmanuelle, et en même temps de vérifier sur les actes de mariage si les parents étaient présents ou décédés et restreindre ainsi les recherches.

La recherche par nom, en plus de Marie Emmanuelle, m’a ramené une Teresia mariée en 1852, un Joseph marié en 1859 et une Anna mariée en 1849, 1854 et 1860. Excusez du peu 🙂

J’ai donc entrepris la lecture attentive des actes et j’ai fait une découverte étonnante sur cette Anna ….

Elle est née en Italie, à Rivarolo Canavese, dans le Piémont, le 8 mars 1834.

Lors de son premier mariage à Alger en 1849, elle n’a donc pas encore 16 ans, et ses parents sont présents. Jusque là tout va bien.

Le second mariage a lieu à Mouzaya les Mines en 1854, les parents sont maintenant morts, elle a tout juste 20 ans, et soit elle est divorcée – même si à l’époque ce n’est pas si courant – soit elle est veuve. La date de naissance de la future est la même, mais pas de mention d’un veuvage sur l’acte de mariage, chose surprenante puisqu’un veuf doit produire le certificat de décès de son premier conjoint …. Bizarre …. et vers la fin de l’acte, les futurs époux demandent à légitimer par leur mariage deux enfants nés d’eux précédemment, en 1851 et 1853 …. oups …..

Le troisième mariage en 1860 mentionne bien le décès de l’époux numero 2, même si une nouvelle fois il permet également de légitimer une naissance hors mariage ….. passons …. après tout c’est une soeur de mon aieule, pas une ancêtre directe, ouf 🙂

Il n’empêche que le second mariage m’interpellait, il y avait même dans les pièces jointes à l’acte une autorisation du procureur d’Alger autorisant le mariage en raison du décès des parents – la future était mineure – , mais aucune mention du veuvage. Je suis donc partie grace à mon ami l’index à la recherche du décès de l’époux n° 1, Francesco Todeschini, dans la période 1849-1851 …. et je suis tombée sur la naissance en 1852 d’un petit Paul Antoine, petite tête blonde – enfin plutot brune vu les origines italiennes 🙂 – du sieur Francesco Todeschini et de dame Anne Marchese, agée de 18 ans, sa légitime épouse ……. Et re oups ….

Résumons – parce que j’avoue qu’il y a de quoi s’y perdre et que j’ai passé un moment à retranscrire les différents actes pour essayer de démêler l’écheveau.

Nous avons DEUX Anna/Anne Marchese, nées le 8 mars 1834 à Rivaloro Campese selon les actes de naissance présentés lors de leurs mariages, filles légitimes de Paolo Marchese et Angela Pittaluga.

Anna n°1 s’est mariée à 15 ans à Alger, là où sa famille habitait, avec Francesco Todeschini, en présence de ses parents et au moins de son beau frère Francesco Risso, le mari de Marie Emmanuelle, donc mon aieul. Le couple a eu trois enfants, en 1852, 1854 et 1856. Actuellement, je n’ai pas encore retrouvé la trace de leur décès.

Anna n°2 vivait hors mariage avec Joseph Peila, dont elle a eu deux enfants hors mariage – j’ai les actes de naissance des enfants, déclarés et reconnus par le père – en 1851 et 1853, elle l’a épousé en 1854 en présentant un acte de naissance, les certificats de décès de ses parents morts en 1852 – donc qui ne pouvaient etre présents et « reconnaitre » la future et une autorisation du procureur pour ce mariage. Dans les témoins, ni frère, ni beau frère.

A ce stade de mon enquête, j’ai le choix entre deux possibilités :

Soit les deux Anna sont jumelles – mais sérieusement, quelle idée quand on a des jumelles de leur donner le même prénom – …. elles sont toutes les deux très précoces puisque mariées ou en couple avant leurs 18 ans, quand les deux autres soeurs se sont mariées à 21 et 23 ans.

Soit Anna n°2 a « usurpée » l’identité de Anna n°1, idée rocambolesque je le reconnais, mais qui a davantage mes faveurs. L’Algérie de 1850 était un monde nouveau, où on venait recommencer sa vie, et une « jeune » fille un peu dégourdie aurait pu se refaire une identité pour oublier un passé encombrant. Après tout notre Anna n°2 ne devait pas avoir froid aux yeux, elle qui a eu trois enfants hors mariage 🙂

J’ai commandé auprès de mes amis les Mormons les microfilms des registres paroissiaux de Rivarolo Campenese, puisque par chance ils ont été microfilmés, j’irai probablement en septembre tenter de retrouver les actes originaux de naissance des Anna. Peut être découvrirai je que j’ai bien deux petites filles nées le meme jour de Paolo et Angela.

Et je vous promets que pour mon prochain billet, je change de branche …

[Anna_Marchese]


3 réponses à “Usurpation d’identité”

  1. Isabelle

    Bonjour,
    Intéressante cette histoire, c’est surtout comme ça que j’aime la généalogie.
    Cela me rappelle une de mes ancêtres, Clotilde Hélène Quimbel. Dans son acte de mariage je trouve son identité complète, sa filiation ainsi que sa date de naissance. Pour confirmer tout cela, je cherche son acte de naissance : j’en trouve un qui correspond exactement, sauf que l’enfant cité dans l’acte décédera 3 jours plus tard…
    Clotilde Hélène a eu d’autres sœurs, mais quelle est celle qui se mariera plus tard en son nom ? Il me faudra un jour trouver le temps de mener l’enquête.
    Merci pour vos articles !
    Isabelle

    1. Brigitte

      Bonjour Isabelle
      Je suis aussi tombée sur des mariages du type de celui que vous décrivez, mais comme mes ancêtres avaient la fâcheuse manie de donner le même prénom à plusieurs de leurs enfants, parfois je ne suis sûre de rien.

  2. MichelleB

    je suis ce roman comme une serie télé ,j attends avec impatience la suite des événements ,Ce sont les ancetres de mon mari !!

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