R comme Rigollet

Ecrit par

Brigitte Billard

Publié le

Temps de lecture : 4 minutes




Aucun thème précis pour cette nouvelle participation du blog au Challenge AZ initié par Sophie Boudarel, de la Gazette des ancêtres, juste une promenade à la rencontre de personnes ou d’anecdotes rencontrées au cours de mes recherches


J’ai eu l’occasion de travailler sur la famille Arrouet, à Chantecorps dans les Deux-Sèvres, pour un article qui sera publié par le Cercle Généalogique des Deux-Sèvres. En étudiant la vie de Louise Arrouet (1754-1809), j’ai découvert une anecdote sortant de l’ordinaire, et j’ai eu envie de la partager avec vous.

Louise Arrouet est la fille de Louis Arrouet, laboureur et marchand du 18ème siècle, à Chantecorps, bourgade de 600 à 700 habitants, en Gâtine, à quelques lieues au sud de Parthenay. Louise nait le 6 juin 1754 à Fomperron. Elle a 26 ans quand elle épouse à Chantecorps le 7 novembre 1780 Pierre Chauvineau, du même âge qu’elle, métayer à Ménigoute. Le couple a au moins 8 enfants, tous nés à Ménigoute, dont presque tous meurent en bas âge, sauf Marie Anne Chauvineau, l’ainée, née le 8 septembre 1781.

Pierre Chauvineau meurt jeune, le 2 pluviose an VI – 21 janvier 1798 – à Ménigoute, laissant seule sa femme Louise, qui a 44 ans, au moins une fille de 17 ans, et probablement quelques enfants en bas âge.

Louise n’attend pas longtemps pour se remarier. Le 1er messidor an VI – 19 juin 1798 – soit 5 mois après le décès de son premier mari, elle convole à nouveau en justes noces. Elle aurait pu épouser un veuf de son âge, chargé d’enfants, propriétaire de quelques terres. Elle aurait pu faire épouser à Marie Anne le fils d’un veuf propriétaire – le même ou un autre. Pas du tout.

Louise Arrouet, 44 ans, au moins 8 grossesses à son actif, épouse Jean Rigollet, 21 ans ….

Pour Jean Rigollet, c’est probablement le moyen d’éviter la conscription et les guerres que mène le Premier Consul. Personne ne semble trouver à redire à ce mariage.

Aujourd’huy premier messidor an six de la republique française une et indivisible par devant nous françois brault officier public est comparu le citoyen jean rigollet fils majeur de feu jean rigollet et de marie paziot ses pere et mere narif de la commune de vasle et domicilié dans celle de menigoute d’une part; et la citoyenne louise arouhet majeure veuve de pierre chauvineau cultivateur aussy domiciliée dans cette commune demeurans a boucault d’autre part; lesquels nous ont presenté leurs extraits de naissance duement en forme 2° leur promesse reciproque de mariage faitte par moy officier public soussigné, duement affichée pendant le temps fixé par la loy sans qu’ils soit venu à notre conaissance aucune opposition et après que lesdit citoyen jean rigollet et louise arrouet en presence de pierre fergeau bordier demeurant à la pajerie commune de vasle, francois brunet propriétaire demeuran a menigoute jacque pain marechal et pierre caillieau cordonnier demeurans à menigoute et plusieurs autres temoins ont prononcé à haute et intelligible voix savoir ledit jean rigollet qu il decrlare prendre la citoyenne louise arrouet en mariage, et la citoyenne louise arrouet quelle declare prendre le citoyen jean rigollet en mariage, et nous dis officier public avont prononcé aux dits jean rigollet, et louise arrouet qu’ils sont des cet instant uny en mariage, de tout quoy nous avons donné lecture aux partie et témoins qui ons declaré ne savoir signer sof les soussigné – orthographe conservée

Le couple ne semble pas avoir d’enfant. Il quitte Ménigoute pour aller s’installer à Champmorin, lieu dit de Chantecorps qui est depuis plusieurs générations le lieu d’origine de la famille de Louise.

Le 18 avril 1809, Louise n’a que 54 ans quand elle meurt, dans le village de Champmorin. C’est son mari Jean Rigollet, qui déclare le décès, accompagné d’un voisin. Les âges indiqués dans l’acte sont fantaisistes, Louise y est dit avoir 60 ans, alors qu’elle en a54 et Jean trente neuf ans, alors qu’il n’en a que 32 ans.

Quoiqu’il en soit, Jean est maintenant veuf, il a 32 ans, et sa belle fille Marie Anne Chauvineau, la fille de Louise et de son premier mari, n’est toujours pas mariée et vit dans la même maison. Sans doute est elle l’héritière de sa mère, même si je n’ai pas pu aller chercher si des actes existaient pour compléter ma recherche. Marie Anne a 27 ans, son beau-père en a 32 ans …..

Vous me voyez arriver avec mes gros sabots non ?

Le 2 juin 1810, Marie Anne Chauvineau, propriétaire à Champmorin, accouche dans sa maison d’un garçon à qui on donne les noms et prénoms de Rigollet Jean. Le nom du père n’est pas indiqué dans l’acte, mais il ne fait aucun doute. Quand treize mois plus tard, le bébé meurt, le 21 juin 1811, c’est le père qui vient déclarer le décès de son fils, et l’acte est très clair.

L’an mil huit cent onze le vingt un du mois de juin sur les quatre heures du soir par devant nous maire officier de l etat civil de la commune de chantecorps canton de menigoute departement des deux sevres sont comparus jean rigollet agé de trante trois ans bordier demeurant à champmorin de cette commune pere du defunt et andré poinnet agé de quarante neuf ans bordier demeurant à la Guinardiere de cette commune lesquels nous ont déclaré que ce jourd’huy sur les huit heures du matin que jean rigollet agé d’un an un mois fils dudit Rigollet et de marie anne chauvineau est décédé aux dit lieux de champmorin de ce jour a huit heures du matin et le déclarant ont déclaré ne savoir signé avec nous le présent acte après qu’il leur en a été donné lecture

Jean Rigollet et sa compagne Marie Anne Chauvineau ne se marient jamais, mais ils ont ensemble au moins huit enfants, dont au moins deux enfants parviennent à l’âge adulte.

Jean Rigollet décède le 18 janvier 1829, à Saint-Germier, à l’age de 51 ans. Il n’habite plus avec Marie Anne Chauvineau, et son acte de décès ne se réfère qu’à son veuvage avec Louise Arrouet.

Marie Anne Chauvineau meurt quelques années plus tard, à 52 ans, le 4 septembre 1834, dans sa maison de Champmorin.

Bizarrement, quand une des filles du couple, Marie Rigollet, se marie le 23 septembre 1835 à Chantecorps, elle est dite de père inconnu, alors que sur son acte c’est bien Jean Rigollet qui l’a déclare en précisant qu’il est le père.

Pourquoi le couple s’est il séparé? Que s’est il passé à la fin de leur vie? Il est probable que des actes notariés, que je n’ai pas encore cherchés, pourront m’en dire plus.

Sources et liens

  • Baptême Louise Arrouet – AD79 – BMS Fomperron 1738-1758 – vue 106/135
  • Mariage de Louise Arrouet et Pierre Chauvineau – AD79 – BMS Chantecorps 1741-1792 – vue 263/338
  • Baptême de Marie Anne Chauvineau – AD79 – BMS Ménigoute 1770-1782 – vue 87/106
  • Mariage de Louise Arrouet et Jean Rigollet – AD79 – Mariages Divorces Ménigoute an II – an X – vue 31/90
  • Décès de Louise Arrouet – AD79 – Décès Chantecorps 1803-1835 – vue 87/257

Une réponse à “R comme Rigollet”

  1. Une histoire de famille comme on aime les démêler !

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