Aucun thème précis pour cette nouvelle participation du blog au Challenge AZ initié par Sophie Boudarel, de la Gazette des ancêtres, juste une promenade à la rencontre de personnes ou d’anecdotes rencontrées au cours de mes recherches
Tous les généalogistes seront d’accord avec moi. Sauver des archives d’un incendie, c’est un acte d’héroïsme.
Même si ce sont les archives du bureau de l’enregistrement de Morteau, dans le Doubs …. Si, je vous assure.
C’est dans Gallica que j’ai trouvé un article, dans les Annales de l’enregistrement et des domaines de janvier 1888, qui à l’occasion de l’incendie du bureau de Morteau de 1865 mettait en scène un certain monsieur Pelletier de Chambure, receveur de l’enregistrement.
Transportons nous à Morteau, dans le Doubs, le 5 mai 1865.
Dans l’après midi, un incendie se déclare dans le centre ville. Le domicile et le bureau du receveur de l’enregistrement s’y trouvent, dans une maison récemment construite. Mais le feu fait rage, et en deux heures, 44 maisons sont quasiment détruites. Le vérificateur du secteur, prévenu, vient de Pontarlier pour constater les dégâts. Et quand il arrive, il découvre que « tous les registres, papiers, sommiers de bureau, avaient été sauvés de l’incendie, et qu’ils étaient placés en lieu sûr ».
Il interroge les autorités, et se rend compte que ce sauvetage miraculeux de toutes les archives du bureau est uniquement dû au sang-froid du receveur, un homme de 32 ans, Edouard Pelletier de Chambure.
Voici ce que le sieur Pillon, vérificateur, constate.
Bravant le danger, et sans s’occuper de son patrimoine personnel, le jeune receveur a réussi, seul, calmement, à sortir la totalité des archives de son bureau. Mais il a perdu la totalité de son mobilier, non assuré, et estimé à 2000 francs.
Le juge de paix rédige lui aussi une attestation pour confirmer que M. de Chambure s’est exposé lui-même à plusieurs reprises pour préserver les registres et papiers de son bureau.
Le 8 mai 1865, le directeur de l’Enregistrement du Doubs envoie un rapport au Directeur général, à Paris, pour appeler son attention sur la conduite digne d’éloges du receveur. Le 16 mai 1865, le directeur général envoie un rapport au Ministre pour demander qu’Edouard Pelletier de Chambure soit dédommagé des pertes matérielles qu’il a subies.
Si j’ai pris le temps de vous raconter cette histoire, c’est qu’Edouard Pelletier de Chambure est un lointain cousin de mes enfants.
Il est le cousin germain de Louise Arnoldine Pelletier de Chambure, la fille d’Alexandre Pelletier de Chambure et de Jeanne Arnoldine Donker van der Hoff.
Henri Claude Edouard Pelletier de Chambure nait le 21 janvier 1833 à Flavigny-sur-Ozerain, en Côte d’Or. Son père, François Saint Ange Pelletier de Chambure y est receveur de l’enregistrement et il a 36 ans. Sa mère, Reine Françoise Chevrot, a 31 ans. Edouard est l’ainé de la famille. Deux ans plus tard en 1835, un second fils, Marguerite Gabriel, vient au monde toujours à Flavigny.
Edouard choisit de faire carrière dans l’enregistrement, comme son père. Son frère Gabriel sera médecin.
Edouard commence à travailler dans l’enregistrement vers 1860. En 1865, il doit y avoir plusieurs années qu’il est receveur à Morteau, où il se distingue lors de l’incendie qui ravage le centre de la ville.
Peu de temps plus tard, probablement vers 1867, il quitte le Doubs pour le Pas-de-Calais, et devient vérificateur, puis inspecteur de l’enregistrement à Saint-Omer.
Le 15 avril 1868, il se marie avec Marie Molinard, 20 ans, une jeune fille issue d’une famille bourgeoise de la région. Le couple a trois fils :
- Maurice, né le 7 mars 1869
- Charles Abel, né le 8 avril 1872
- Gabriel, né bien plus tard, le 1er fevrier 1886.
Mais cette dernière grossesse a une issue tragique. Le bébé meurt à 6 jours, le 7 février 1886, et sa mère meurt le 9 février 1886, dans la maison que la famille habite, depuis 1868, rue Saint Bertin à Saint Omer.
Edouard ne se remarie pas.
Le 1er août 1894, Edouard prend sa retraite. Il finit sa carrière dans l’enregistrement avec le grade de sous-inspecteur, après 34 ans 9 mois et 18 jours de service. Il touche une pension de 2250 francs par an.
En 1900, Edouard est élu maire de la commune de Lumbres, dans le canton de Saint-Omer. Il y décède le 29 septembre 1906, à l’âge de 73 ans.
Dans l’album photos de Marie Jeanne Jung, sa petite cousine, il y a trois portraits, qui ont été fait chez Eugène Carpot, photographe à Calais, que j’avais dans un premier temps identifiés comme Edouard et sa famille.
Mais en travaillant sur la famille d’Edouard, je n’ai retrouvé que deux fils vivants. Deux fils, alors qu’il y a trois petits garçons sur la dernière photo.
Ces portraits représentent vraisemblablement les membres d’une seule et même famille, vivant à proximité de Calais, et appartenant à la famille Pelletier de Chambure. Mais à ce stade de mes recherches, je ne suis plus vraiment sûre qu’il s’agisse d’Edouard, sans savoir qui sont ces cinq personnes.
Sources et liens
- L’atelier des photographes du 19è siècle – Eugène Carpot – Calais
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