Oupia 1856 une nouvelle énigme

Ecrit par

Brigitte Billard

Publié le

Temps de lecture : 5 minutes


Mise à jour le 5 février 2015

En travaillant sur la ligne de vie de Jean Antoine Prosper Frances et Marianne Frances, sur les origines communes desquels je m’interrogeais dans mon dernier billet, je suis tombée sur une mention des plus étranges dans le recensement de 1856 du petit village d’Oupia, dans le Minervois.

AD34 - Recensement Oupia 1856 - vue 3/16
AD34 – Recensement Oupia 1856 – vue 3/16

 

Dans la maison portant le numéro 12 résident Antoine Frances, son épouse Marie Frances, leur fille Elisa Frances et leur gendre Victor Moustelon.

Antoine est Jean Antoine Prosper, il va mourir deux ans plus tard, tout le monde l’appelle Antoine dans tous les actes que j’ai retrouvés.  Il a effectivement 70 ans, bref, il s’agit bien de mon ancêtre, aucune erreur possible. Son épouse est Marie Frances, 69 ans, correspondant à la Marianne Frances de mon arbre généalogique. Le prénom Marianne s’écrit au gré des actes Marie Anne ou Marianne. Née en 1792, elle n’a selon moi que 64 ans, et pas les 69 ans annoncés, mais je n’ai pas non plus de doute, il s’agit bien de mon ancêtre.

Viennent ensuite Victor Moustelon et son épouse Elisa Frances. Tout me porte à croire qu’il s’agit de mes arrières arrières arrières grands parents, Paul Louis Victor Moustelon, né en 1817 et Marie Elisa Frances, née en 1819. Tout, sauf que je ne comprends pas du tout ce qu’ils viennent faire à Oupia et où ils ont « fourgué » mon arrière arrière grand mère Marie Thérézine Harline Moustelon, qui a 13 ans en 1856. En pension dans un couvent chic du coin ????

Voici à quoi ressemble la branche dont je vous parle.

oupia1856_2

 

Antoine Frances et Marianne Frances n’ont eu que deux filles, Marie Elisa et Marie Sophie, j’en suis absolument sûre, j’ai épluché page à page les registres assez peu épais d’Oupia. Dans les recensements de 1836 et 1841 leurs deux filles vivent toujours avec eux et il n’y a à aucun moment trace d’un autre enfant. Il n’y a dans aucun des documents que j’ai pu consulter une autre fille dont un des prénoms serait Elisa, qui serait née vers 1824 et aurait épousé un Victor Moustelon né vers 1818. De plus, reconnaissez que la coincidence serait troublante, deux filles prénommées Elisa, épousant deux sieurs Moustelon, tous deux prénommés Victor …. Ce serait certes possible, mais tellement peu probable, et j’aurais quelque part retrouvé un acte à Oupia. Donc j’en conclus bien que le couple mentionné sur le recensement de 1856 à Oupia comme vivant avec le couple Antoine Frances et Marie Frances est bien le couple de mes arrières arrières arrières grands parents.

Le hic, c’est que quand Victor – que j’appelle Paul, parce que c’est a priori le prénom qu’il utilise quand il déclare la naissance de ses filles –  épouse Marie Elisa, à Oupia le 7 février 1842, il habite à Tourouzelle, où il est le meunier du gros moulin de Tourouzelle, sur l’Aude.

Entre Oupia et Tourouzelle, il y a à peine plus d’une lieue, 5 kilomètres, presque rien. Mais pour un généalogiste, il y a un gros écueil, les deux villages n’appartiennent pas au même département, et je ne dispose donc pas des mêmes ressources en ligne pour mes recherches.

A partir de Google Maps, région d'Oupia et de Tourouzelle
A partir de Google Maps, région d’Oupia et de Tourouzelle

Dans les recensements de Tourouzelle, sur le site des Archives Départementales de l’Aude, je retrouve bien la famille Moustelon en 1846 : Paul Moustelon, sa femme Marie Elisa et la petite Marie Thérézine. Je les retrouve à nouveau en 1851, toujours Paul Moustelon, sa femme Marie Elisa, Marie Thérézine et  une petite Marie Marguerite Séraphie, qui va mourir quelques mois plus tard.

Autre élément qui confirme que le couple vit bien à Tourouzelle, le 3 janvier 1850, c’est également dans ce moulin de Tourouzelle que meurt Marie Sophie Frances, la soeur cadette de Marie Elisa, qui est dite résider à Tourouzelle, dans la maison de son beau frère.

Malheureusement, le recensement de Tourouzelle en 1856 est manquant dans les archives en ligne de l’Aude, probablement parce qu’il est manquant également dans les archives papier. Qui occupe et fait fonctionner le moulin de Tourouzelle en 1856 ? Bonne question.

En 1861, on retrouve le couple Paul Moustelon et Marie Elisa Frances dans le Moulin de Tourouzelle, avec Marie Thérézine, seule enfant présente, qui a maintenant 17 ans, et Marianne Frances, la mère de Marie Elisa, venue vivre apparemment avec son unique fille survivante, maintenant que son mari est décédé en 1858 à Oupia.

Toute l’histoire de la famille va maintenant avoir lieu à Tourouzelle, jusqu’à ce que le couple formé par Michel Firmin Billard et Marie Thérézine Moustelon quitte avec ses enfants le moulin et parte s’installer à Béziers. Tout ce qui concerne l’histoire de ce moulin est une vraie énigme pour moi, j’ai déjà eu l’occasion de vous en parler, et je n’avance pas sur ce dossier. Il me faudrait pour en savoir plus avoir accès aux archives foncières et aux archives notariales, qui ne sont pas en ligne, et donc aller faire des recherches à Carcassone, où se trouvent les archives de l’Aude, et à Montpellier, dans les archives de l’Hérault.

Mon niveau de frustration sur ce dossier, en découvrant ce nouvel élément totalement incohérent, vient encore de monter d’un cran, et je crois que si je dois ne faire qu’un seul déplacement en province cette année, il sera pour le Languedoc, et mes racines minervoises.

========

Après la mise en ligne de cet article, j’ai continué à explorer les recensements d’Oupia, pour pister les frères et soeurs de Jean Antoine et Marianne et finaliser leur ligne de vie. Et là, à la toute fin du recensement , en page 14, le recenseur a ajouté le ménage suivant

 

Recensement Oupia 1856 - vue 14/18
Recensement Oupia 1856 – vue 14/18

On retrouve Marianne Frances, veuve – effectivement son époux Jean Antoine Prosper est mort en 1858 – puis Victor Moustelon, agriculteur, son gendre, Elisa Frances, épouse de Victor Moustelon, et leur fille Thérèse Moustelon ….. Donc, pas de doute, tous ces gens sont bien mes ancêtres. Léger problème, quand j’avais analysé le recensement de Tourouzelle en 1861, il y a plusieurs mois, je les y avais déjà tous trouvés, au Moulin … Du coup, j’ai revérifié dans les archives en ligne de l’Aude.

Recensement 1856 - vue 13/15
Recensement Tourouzelle 1856 – vue 13/15

Les prénoms ne sont pas totalement les mêmes, les âges sont approximatifs, mais il s’agit absolument des quatre mêmes personnes, et Paul Moustelon est bien le minotier du moulin de Tourouzelle.

Il est probable, quand je vois cette erreur en 1861, que la même erreur, ou pire, ait été faite en 1856. Paul Moustelon et sa femme Marie Elisa Frances ont probablement par erreur été ajoutés sur le recensement d’Oupia en 1856, peut être parce que c’est eux qui gèrent la propriété familiale d’Oupia. Il est probable aussi que l’absence du nom de Marie Thérézine ne soit pas significative, et il est pour moi plutôt clair que tout cela n’est qu’une duplication de données sur deux communes, dans deux départements différents, une simple erreur de bonne foi.

Alors, quels sont les autres éléments, dans les recensements un peu partout en France, que j’ai pris pour argent plus ou moins comptant, et qui sont  erronnés et m’ont conduits sur des pistes fausses. Une fois de plus, je constate qu’en généalogie, il faut toujours tout revérifier.
[Jean Antoine Frances – Sosa 198] [Marianne Frances – Sosa 199]


7 réponses à “Oupia 1856 une nouvelle énigme”

  1. « Trop d’information tue l’information » Des renseignements contradictoires, c’est un problème que je ne rencontre pas avec mes ancêtres Italiens. 😉 Je me moque, gentiment, mais en fait je ris jaune à chaque ligne.

  2. Agnes

    Les approximations sur les dates et les prénoms sont d’expérience fréquentes dans les recensement. J’ai aussi vu les épouses recensées sous leur nom d’épouse une année, de jeune fille la suivante.

    Je prends personnellement les recensements comme de qualité inférieure.

    Il est entièrement possible que le jeune couple ait été en visite au moment du recensement et pris en compte dans les deux villes. Leur fille aurait pu être laissée au domicile parental pendant la visite et comptée une seule fois.

    Le pire (moins excusable) cas de duplication que j’ai vu était au milieu du XIXieme dans une petite ville où un bébé est compté deux fois, chez sa tante (enfant en nourrice) et chez ses parents (au domicile familial).

  3. Bonjour Brigitte, tu résumes bien les principales difficultés devant lesquelles on se trouve souvent confrontés en généalogie : les déplacements de nos ancêtres (qui ne répondent pas toujours à ce qu’on attendrait), les prénoms officiels remplacés par des prénoms attribués par la famille (j’ai connu le même problème), et les erreurs ou approximations dans les âges annoncés à l’officier rencenseur. Le problème de l’âge revient fréquemment, même dans les actes (de décès) et cela doit nous rendre méfiant. Mais comment savoir ? J’espère que tu trouveras les réponses à ton enquête. Bon courage pour la suite !

  4. Matthieu

    Personnellement, je ne trouve pas cela incohérent.

    J’ai eu affaire de nombreuses fois à ce genre de choses. Des enfants et adultes recensés dans le foyer de mes ancêtres qui s’avéraient être finalement des cousins ou enfants de cousins ! Je ne vous raconte pas la surprise en les découvrant la première fois, j’ai épluché les registres des centaines de fois pour découvrir, en généalogie descendante, qu’ils étaient des enfants de frères, sœurs ou encore plus loin ! C’est peut-être le cas de la petite Marie Thérézine Harline, qui habite, qui sait, chez un oncle ou une tante…
    Quand à l’apparition du couple chez Jean Antoine Prosper, une visite de courtoisie ? ou acte notarié avant de mourir ? (si Antoine décède 2 ans plus tard…)

    courage en tout cas ! Tout se dissipera un jour ou l’autre !

    1. Brigitte

      bonsoir et merci du commentaire
      je vais faire le tour des oncles et des tantes, pour voir si je trouve Marie Thérézine quelque part. Pour le recensement, je suis perplexe, si le « jeune » couple était en visite, il n’aurait pas dû être recensé, non ? ou alors il y a eu erreur du recenseur, c’est possible, mais comme je n’ai pas le recensement de Tourouzelle, ca aurait été trop simple, je m’interroge ….. Cette histoire de moulin me passionne, autant dans certaines branches il n’y a pas de mystères, autant chez mes minervois, je vais de surprise en surprise 🙂

  5. Marie Thérézine Moustelon n’a jamais travaillé ? parce qu’à 13 ans à cette époque on pouvait être hébergée dans une autre famille comme domestique ou comme apprentie…

    1. Brigitte

      bonsoir Dominique
      ton raisonnement tient la route mais pour une fois on est dans une branche chic de ma famille, je n’en ai pas beaucoup, mais là on est chez des propriétaires fonciers importants, et le moulin de Tourouzelle était une minoterie qui en 1872 employait 8 personnes. Il y avait du bien, donc je doute que Marie Thérézine se soit retrouvée domestique ….

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