La frustration et le généalogiste

Ecrit par

Brigitte Billard

Publié le

Temps de lecture : 3 minutes


Certains de mes confrères généalogistes ont insisté ces dernières semaines sur une des qualités indispensables pour qui veut partir à la rechercher de ses ancêtres : la patience.

Certes.

Le dictionnaire  Larousse définit la patience ainsi : Aptitude à ne pas s’énerver des difficultés, à supporter les défaillances, les erreurs. Persévérance, constance à poursuivre quelque chose, un dessein.

patience-journey

Nous sommes tous d’accord sur ce point, sans patience, point de salut généalogique. Les recherches généalogiques s’inscrivent forcément dans le temps, aussi bien le temps passé de nos ancêtres sur de nombreuses générations que notre temps à nous, dans notre vie quotidienne qui n’est pas toujours propice à ce « gaspillage » . Nous avons tous autour de nous des parents, des amis, surpris de nous voir passer de précieuses heures à déchiffrer des pages illisibles, à la recherche d’un indice que nous serons les seuls à chérir.

Mais cette patience, qu’à titre personnel je considère plus comme de la persévérance, de la constance à pousuivre un dessein – fumeux pour mon entourage, je l’avoue – n’exclut pas la frustration, un sentiment presque quotidien dans le cadre de mes recherches.

A titre d’exemple, la semaine dernière, voici quelques uns de mes motifs de frustration;

  • Le report de l’ouverture des archives en ligne de l’Aude : ma branche patronymique, de ce que j’en sais, est audoise. J’attendais donc avec espoir l’ouverture, promise pour fin 2012, des archives en ligne du département. Je reconnais que mon niveau d’espoir était faible. Sur certaines listes de diffusion auxquelles j’appartiens, des habitués des archives de l’Aude nous avaient déjà laissé entendre qu’il n’y aurait rien en 2012, que rien n’était prêt et que les archivistes ne donnaient que peu d’espoir à leurs visiteurs. Néanmoins, tant qu’il n’y avait pas de report officiel, j’espérais un peu, juste un peu. L’annonce sur les réseaux sociaux d’un report à l’automne 2013 a donc généré une frustration, petite, mais frustration quand même. Si je veux avancer, il faudra que je me rende à Carcassonne. Dont acte.

 

  • Je cherche depuis des mois des renseignements sur le couple Pierre Bremand – Jeanne Gousseau / Cousseau, apparu sortant de nulle part vers 1777 à Thenezay. J’ai déjà épluché les registres de Thenezay et Gourgé, j’ai écumé Geneanet et Genealogie.com, Geneabank et les bases de données privées auxquelles me donnent accès mes adhésions à certains cercles. Finalement à force de chercher tout et n’importe quoi, – technique non brevetée récupérée lors de mon dernier séminaire RFG –  j’ai trouvé un gisement important de Bremand et de Gousseau autour des Herbiers, en Vendée. Et me voilà partie pour une recherche à base d’escargot en Vendée. J’ai déjà écumé deux paroisses. Rien sauf parfois une envie furieuse de trucider monsieur le curé qui pourrait tailler sa plume d’oie, merci ….. J’ai une longue liste de paroisses à vérifier, un jour peut être …. qui a dit lors d’un séminaire RFG que globalement tous les mariages avant la Révolution étaient indexés , ou à peu près ???? Ah oui, le même … passons …. Disons que sur cette recherche, il est rare que je ne finisse pas la soirée avec un petit whisky, mais je persévère. Donc je suis patiente. CQFD.

 

  • Un peu plus au Nord, autour de Cholet, Marie Garreau et Jean Dixneuf ont donné naissance à au moins six enfants et ont une nombreuse descendance, reprise à loisir sur Geneanet. Beaucoup de mes « cousins » remontent ensuite à partir de cette Marie Garreau, qui pour eux serait née en 1703 à La Verrie. Je coince sur cette information, car je n’arrive pas à vérifier si le nouveau né dont j’ai trouvé l’acte est bien mon ancêtre. Sans acte de mariage dans la commune de naissance du marié ou du nouveau né devenu jeune fille, comment vérifier? Des Garreau, il y en a d’autres dans les mêmes périodes tout autour de St Christophe du Bois … Après avoir cherché tous les actes de baptêmes des enfants à la recherche d’un parrain ou d’une marraine qui serait mon chaînon manquant, je suis passée aux mariages desdits enfants. Et là je tombe sur un frère utérin ……. Il faut toujours lire attentivement la totalité de l’acte. Donc ma Marie Garreau était veuve avant d’épouser mon Jean Dixneuf. Indice crucial, inédit en ligne, qui m’a permis de changer de paroisse de recherches. Et là patatras, LE registre de la période qui m’intéresse n’est pas en ligne. Grosse grosse déception, à la hauteur des espoirs que j’avais de débloquer enfin cette recherche, de trouver l’acte de mariage et peut être même aussi l’acte de naissance de leur fille Louise. Là j’ai refermé l’ordinateur et je suis partie faire mes courses de Noël, il faut savoir se recentrer sur les choses importantes quand on fait de la généalogie – et rapporter des boites de chocolat, ça aide ….

 

chocolate

 

Ces quelques déboires ne m’empêcheront pas de continuer mes recherches, de fureter ailleurs, d’essayer d’autres solutions, pas parce que je suis particulièrement patiente, mais parce que je suis obstinée, curieuse et que c’est le chemin qui m’intéresse, pas le but. Après tout, mon objectif n’a pas de fin. Jamais je ne pourrai dire que j’ai fini, j’aurai toujours des noms et des dates à chercher, des livres à lire, des registres à déchiffrer, bref des vies à découvrir.


5 réponses à “La frustration et le généalogiste”

  1. J’adorrrrrrrre l’inspirante image qui illustre l’article !
    A contre courant; il serait amusant de lister les utiles défauts ;P
    Bonne continuation ^^

    1. Brigitte

      Merci, l’image n’est pas de moi, j’espère que le lien vers le site où je l’ai trouvée est bien accessible. Bonne idée, une liste des défauts utiles 🙂

  2. Courage ! Tu vaincras 😉
    Moi je me suis assise depuis 6 ans sur un blocage parisien.
    Je trépigne pour les AD62 qui ne devraient point tarder… dernière occasion pour moi (du moins sur les branches directes) de profiter de cette douceur des recherches généalogiques (avec quelques restes aussi dans le Loir-et-Cher, pas totalement en ligne pour la période 1793-1850).
    Résultat je me « venge » en complétant des fratries entre 1750 et 1810. Et c’est limite désespérant : 14 enfants par-ci, 14 enfants par-là…

    1. Brigitte

      chaque indice est une victoire 🙂
      Quel bonheur ces multiples fratries, avec des parents à l’imagination fertile : trois jean, deux marie et deux rené 🙁 qui vont ensuite épouser des frères ou soeurs homonymes, sinon ça serait moins drôle. Alors amuse toi bien 🙂

  3. Bonjour,

    Et oui la patience engendre la frustration, c’est bien de le rappeler. Mais c’est cette frustration qui nous permet de ressentir autant de joie le jour où nous arrivons à débloquer une branche, à trouver un acte introuvable jusque-là ou à dénicher une info qui nous permet d’avancer et qui nous échappait depuis des semaines et des semaines.
    Et merci pour le lien !

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