D’acte notarié en acte notarié, une généalogie parisienne

Ecrit par

Brigitte Billard

Publié le

Temps de lecture : 4 minutes


Pour qui aime le jeu de pistes, la découverte d’une branche parisienne avant 1870 dans son arbre est une bonne occasion de s’adonner à son vice ….

Comme je m’en suis déjà plainte sur ce blog, les incendies en 1871 de l’Hotel de Ville de Paris, puis du Palais de Justice, ont fait partir en fumée la presque totalité des registres dans lesquels nous aimons fouiner à la recherche de nos ancêtres.

L'Hotel de Ville de Paris après l'incendie - Paris Unplugged
L’Hotel de Ville de Paris après l’incendie – Paris Unplugged

La source principale d’informations, ce sont donc les actes notariés, à savoir des kilomètres de rayonnage de documents conservés au CARAN à Paris, au Minutier Central. Il ne reste plus qu’à espérer que nos ancêtres ont eu besoin de recourir aux notaires lors de certains actes importants de leur vie : mariage ou décès, et qu’on va trouver un contrat de mariage ou un inventaire après décès qui permettra de raccrocher des fils épars ou de remonter une branche.

Le gros point noir, vous vous en doutez, c’est de savoir quel notaire a bien pu s’occuper de notre ancêtre. Il ne suffit pas de savoir dans quelle paroisse il vivait – ce qui  déjà nécessite qu’on ait trouvé un premier point d’entrée – il faut ensuite trouver dans la liste conséquente des notaires de la paroisse celui qui a géré les affaires de la famille.

Dans une étude notariale, vous avez deux grands types de documents – à la louche : les actes eux mêmes, tout ce que font les notaires pour chacun des clients qui se présentent, et les registres, dans lesquels tous ces actes sont répertoriés chronologiquement. Parfois, il y a aussi un index nominatif, reprenant les clients, mais je n’ai jamais eu cette chance.

Jusqu’à ces dernières semaines, les registres des notaires, qui avaient été numérisés, n’étaient accessibles en ligne que si vous aviez sur votre ordinateur une très très vieille version dépassée d’Internet Explorer et divers utilitaires hors d’âge … Bref, il était impossible d’y accéder. La seule solution était d’aller consulter ces registres eux mêmes, à raison de 10 cotes par jour de consultation ….  une mission quasi impossible …

Les archives nationales avaient promis une mise en ligne sur la Salle des Inventaires Virtuels de ces précieux sésames à l’automne.

Alors il y a deux semaines, j’ai tenté, j’ai regardé si je pouvais accéder à ces registres pour un des quelques notaires que j’ai repérés …. Et Bingo …… les répertoires sont en ligne, accessibles sans aucun problème, à travers la même visionneuse plutôt pratique et bien faite utilisée pour les Livres d’or ….

Si vous aussi vous avez des ancêtres à Paris, voici quelques étapes à suivre pour les retrouver :

  • Trouver un premier acte, qui servira de point d’entrée. Essayer par exemple de trouver un acte à partir du patronyme de votre ancêtre .
Recherche dans la SIV du nom GORET
Recherche dans la SIV du nom GORET

Certains répertoires ou certaines études ont fait l’objet d’études assez approfondies. Sur le projet Familles Parisiennes, certains actes ont également été indexés.

 

Extrait des GORET indexés sur Projet Familles Parisiennes
Extrait des GORET indexés sur Projet Familles Parisiennes
  •  Trouver la cote de l’acte et la réserver en ligne sur la SIV dans votre compte. Si vous n’avez pas de compte, cela prend quelques minutes d’en créer un. Et si vous n’avez pas de carte, c’est le moment de vous lancer, la même carte, désormais gratuite, vous permet l’accès à Paris, Pierrefitte et Aix en Provence.

 

  • Avant de vous rendre au CARAN, éplucher soigneusement en ligne les répertoires du notaire concerné sur quelques années autour de la date du document déjà retrouvé. S’il s’agit d’un inventaire après décès, peut être le testament est il indiqué quelques mois plus tôt, ou une indication d’un document de partage des biens quelques mois plus tard. Peut être ce notaire est il le notaire familial et allez vous trouver d’autres actes qu’il aurait aussi rédigé … Ne manquez pas cette étape, rien n’est plus frustrant que de se rendre compte, revenu chez soi du CARAN, que cette boite qu’on vient de commander, elle contient d’autres documents qu’on a ratés. Et ne vous dites pas que vous allez feuilleter les liasses rangées dans la boite quand vous l’aurez, parce que feuilleter des liasses de documents du 18ème siècle dont l’en tête n’est pas toujours explicite prend plus de temps qu’on le croit. Et votre temps aux archives est précieux ….. Le temps passe vite quand on peine à déchiffrer un inventaire de 15 pages, écrit à la va vite à la lueur d’une bougie dans une chambre par un clerc de notaire qui n’a pas bien taillé sa plume.

 

  • Vous rendre au CARAN à Paris. Récupérer votre précieuse boite, y trouver votre document, et le lire attentivement. S’il s’agit d’un inventaire après décès, il est probable que les papiers de votre ancêtre décédé vont être inventoriés. Vous allez alors y trouver probablement quelques documents, avec l’indication précise de la date de l’acte et du nom du notaire. Avec ces indications, sur les postes informatiques à votre disposition, vous pouvez réserver la cote suivante, et l’obtenir dans un délai moyen d’une heure – plus ou moins, mais c’est plutôt rapide et bien organisé.

 

Depuis que les répertoires sont en ligne, j’ai mis la main sur une vingtaine de documents, que j’ai pu consulter en deux séances, et qui m’ont permis de retrouver la trace des plus vieux ancêtres parisiens de mes enfants connus à ce jour, Jacques Crelot, chirurgien à Paris vers 1650, et son épouse Barbe Moreau, inhumée au cimetière des Saints Innocents …. La liste des documents que je veux encore consulter s’allonge, s’allonge, j’ai remonté entre deux et quatre  générations à Paris, au 18ème siècle – j’ai pu confirmer qu’il y a un implexe dans la généalogie de mon époux, à Paris justement, et je sais que je ne suis pas au bout de mes découvertes.

Merci aux Archives Nationales d’avoir mis en ligne ces registres. Cette étape était indispensable. Maintenant, armée de patience, mais pleine d’enthousiasme, je vais essayer une fois par mois d’aller au CARAN à la découverte des richesses qui m’y attendent.


19 réponses à “D’acte notarié en acte notarié, une généalogie parisienne”

  1. Alex TL

    J’oubliais. Superbe photo de l’hôtel de ville … la plus grande catastrophe généalogique de mon point de vue.

  2. Alex TL

    Très bel article.
    La visionneuse de la SIV est archi nulle car la fenêtre est trop petite.
    Je pense qu’il n’y aura que les répertoires des notaires accessibles par internet car seuls ces microfilms existent.
    Les notaires parisiens ont normalement eu obligation de verser leurs archives au AN donc inutile de solliciter une étude actuelle à Paris. Ce n’est pas une généralité pour le reste de la France.
    Le site SIV n’est ni très convivial ni intuitif pour la navigation mais il a le mérite d’exister. De mon point de vue il est très bien pour vérifier une information (date, étude, nature de l’acte) mais peu adapter pour une recherche d’autant que tous les répertoires ne sont pas encore disponibles.
    Je cherche une carte de Paris avec les implantations des études notariales, au 18ième et au 19ième. Je n’en ai pas trouvé sur le net.
    Bonnes recherches!

    1. Brigitte

      merci pour le commentaire
      on peut visualiser en plein écran, il y a dans les outils en dessous de la visionneuse sur la droite une icone qui permet de passer en mode plein écran, et on peut ensuite zoomer comme on le souhaite. Mais oui, ce n’est pas inuititf du tout.
      Moi aussi j’aimerais bien une carte avec l’implantation des études, c’est vrai que ce serait un gros plus.
      Je pense que les études non encore numérisées le seront prochainement, du moins j’espère.
      Bonnes recherches à vous aussi

  3. Nadine L

    Tout d’abord, un grand merci pour cet exposé clair et compréhensible..après il faut sûrement un peu d’entrainement pour trouver un maximum de choses.
    Pour ma part, 1ère recherche: chou blanc; sur un acte de naissance de 1800 reconstitué, il est noté que ladite personne a été reconnue en 1826 par un acte passé chez un notaire parisien: maître VARJOT. Pas de Varjot dans la liste des notaires ni de nom pouvant s’approcher. D’où, une première question: tous les notaires de Paris sont-ils répertoriés?
    2ème recherche sur le patronyme du « père » ; et là bingo !!! son inventaire après décès s’y trouve… je vais « enfin » peut-être pouvoir avancer sur cette branche si je trouve des renseignements complémentaires d’état civil sur l’acte… Je vais me rendre au caran 🙂 . Et d’où une seconde question:
    vous dites  » Avant de vous rendre au CARAN, éplucher soigneusement en ligne les répertoires du notaire concerné sur quelques années autour de la date du document déjà retrouvé. S’il s’agit d’un inventaire après décès, peut être le testament est il indiqué quelques mois plus tôt, ou une indication d’un document de partage des biens quelques mois plus tard. Peut être ce notaire est il le notaire familial et allez vous trouver d’autres actes qu’il aurait aussi rédigé ».
    Comment vous y prenez-vous? Avec le moteur de recherche je n’ai trouvé que l’inventaire après décès!!

    Merci encore
    Bien cordialement
    Nadine

    1. Brigitte

      bonjour
      il faut consulter les images des registres qui sont en ligne pour une grande partie des notaires, meme si la mise en ligne n’est pas terminée. Si vous avez trouvé votre notaire, regardez sa fiche. En bas de la fiche, vous avez une rubrique nommée « instruments de recherche associés ». Cliquez sur la petite flèche pour ouvrir l’onglet. Vous devriez avoir un lien indiquant « Images des répertoires du notaire xxx ». Cliquez sur le lien, cela vous ouvre une nouvelle fenetre avec un lien pour chqcun des répertoires, classé chronologiquement. Quand vous ouvrez ce fichier, vous avez accès à la numérisation du registre pour l’année concernée.

      Voilà, j’espère que cette précision vous convient.
      sinon, je referai un petit tuto
      Brigitte

  4. Merci pour cet article très détaillé. Une première recherche rapide ne me permet pas d’avoir de réponse sur le patronyme de mon épine parisienne, mais peut-être qu’en fouillant un peu plus, j’arriverai à trouver quelque chose…

  5. Merci Brigitte pour ce superbe article.
    Pour ma part, je traque tous ceux qui sont arrivés à la Réunion (de 1665 à 1810 environ), et les parisiens sont si nombreux que je n’avais jusqu’à maintenant que peu d’espoir de les retracer.
    Je n’ai plus qu’à espérer que les registres soient mis en ligne, car habitant La Réunion, un peu ardu tout de même la recherche, et vu le nombre de personnes à retrouver je m’en voudrais vraiment de les confier sans avoir le plaisir de participer…
    Si une autre idée vous vient ?
    Bonne continuation
    Amicalement

    1. Brigitte

      bonjour et merci pour le commentaire
      les registres vont a priori tous être mis en ligne, un jour, bientôt, mais les actes il ne faut pas y compter, c’est totalement impossible. Je comprends votre frustration, je la connais bien, vu le nombre de documents un peu partout en Europe que je ne sais pas comment consulter 🙂

      1. Dubreuil

        Les actes de l’Outre-Mer sont en ligne sur le site ANOM (Archives nationales Outre-Mer), mais bien sûr uniquement ce qui est ancien. Vous devez avoir déjà commencé votre généalogie sur place.
        Cordialement.

        Marie-Martine

  6. Marine Pommereau

    Super article Brigitte ! Moi qui ai déjà goûté au plaisir des recherches dans les archives notariales, j’avoue que ça va faciliter le travail ! Je sais déjà ce que je vais faire pendant l’hiver… 😉 Merci pour toutes ces explications !

  7. Merci Brigitte de nous faire partager ton expérience et ton bonheur d’avoir remonté ces générations parisiennes.
    Mais pas de parisiens de mon côté non plus, pas plus que d’inventaires en ligne ni d’archives à quelques km de mon domicile 🙁

  8. Annick H.

    Comment font ceux qui habitent aux USA et ne peuvent se rendre aux Archives a Paris? J’ai trouve le testament d’un de mes g-g-gpere en 1851, j’ai contacte le notaire (le meme nom de famille que celui qui a repris l’etude juste apres 1851) et il m’a envoyee paitre! Je lui ai demande s’il connaissait quelqu’un qui faisait des recherches pour un prix modere, vue que je ne dois pas etre la seule a l’avoir contacte au fil des ans pour ce genre de requete…. Pas de reponse! Merci si quelqu’un a un tuyau.

    1. Brigitte

      bonjour
      comme pour les autres archives, il faut passer par l’entraide, un généalogiste qui va sur place et vous prend les actes en photo.
      si vous avez des références de l’acte recherché, je peux vous le récupérer lors d’une prochaine visiten je vais y aller régulièrement dans les mois qui viennent.
      Je vous contacte sur votre email

      1. Annick H.

        Comme vous etes genereuse! J’ai bien recu votre e-mail et je viens juste de vous envoyer les references que j’ai trouvees. Merci, merci, merci!

        1. Annick H.

          Merci Brigitte! Les photos des documents sont bien arrivees ici au Texas. Que c’est sympa a vous d’avoir pris le temps de m’aider. Felicitations aussi pour cet article qui est mentionne dans la Gazette de Thierry Sabot. Annick

  9. Bravo et merci Brigitte pour cet article passionnant.
    J’en viens à regretter de ne pas avoir d’ancêtres parisiens 😉 Mais je vais regarder quand même si je trouve des choses sur mes parisiens de passage ou sur les quelques cousins qui se sont installés à Paris.
    Merci pour la découverte !
    Elise

    1. Brigitte

      Sérieusement, ne regrette pas 🙂 C’est une galère 🙂 Ok c’est marrant, ca fait des recherches originales, et quand tu remontes une génération, tu as l’impression de trouver le Graal …. mais c’est un peu prise de tête quand même …. entre mes parisiens et mes étrangers, je suis servie. Heureusement que maman est 100% poitevine, ca fait du bien des ancêtres faciles à trouver

    2. Je suis comme Elise, je regretterais presque de ne pas avoir d’ancêtres parisiens. Enfin, pas trop quand même.
      Je vais tout de même regarder si mon couple venu se marier (en cachette) en 1900 n’aurait pas laissé un contrat de mariage. Cela serait top.

      1. Je n’ai qu’un seul mot à dire… merci !!!! J’avais vaguement essayé il y a plusieurs mois de me dépatouiller dans les minutes avec un vieil ordinateur qui rame… mais très vite j’ai abandonné ! Je vais donc pouvoir me replonger dans cette meule de foin pour retrouver mes aiguilles parisiennes. Et en trois clics déjà je trouve qqch ! https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/visionneuseUD.action?udId=c1p74rmzoid7-1eopr12s3eqmb&formCaller=MINUTES&irId=FRAN_IR_043509

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