Latillé, mon village

Ecrit par

Brigitte Billard

Publié le

Temps de lecture : 4 minutes


Il est parfois difficile de s’attribuer une origine. D’où suis je ? D’Alger où je suis née, mais dont je suis partie à 8 mois pour ne plus jamais revenir ? De Seine et Marne, où j’ai grandi d’un village à l’autre au gré des affectations de mon père, sous officier de gendarmerie ? De ce petit coin du Poitou, ce triangle Ayron_Chalandray_Latillé qui regroupe une forte partie de l’ascendance de maman ? Je suis de partout à la fois …

Mais aujourd’hui c’est de Latillé que je vais vous parler, dans le cadre des thèmes mensuels proposés par Sophie Boudarel, et plus particulièrement du Petit Bourg à Latillé, autour de l’église Saint Cybard, à quelques pas de l’Auxance qui traverse paresseusement les prés et qui  nous a vus pêcher le vairon quand nous étions enfants. Une bonne friture de vairons, une omelette aux vairons, des plats qui ont un goût de madeleine de Proust pour moi, et que mes enfants et mes neveux bouderaient certainement …

Mes souvenirs de Latillé se déclinent en goûts, en odeurs, en sons ….

L’omelette aux vairons de maman, les pommes de terre sautées de mamie, les rates et les rillons du charcutier, le lait frais non pasteurisé, sorti du pis de la vache qu’on allait chercher le soir au moment de la traite dans la ferme des Chausseau, en face du cimetière, les fraises des bois – les quarantaines comme les appelait mon arrière grand mère – cueillies dans le jardin, le long du pré …… L’odeur des foins en été, quand le soir tombe après une chaude journée comme le Poitou les aime, l’odeur des vieilles maisons construites pour ne laisser entrer ni -trop- le froid, ni le chaud, poussières, cire d’abeille, confitures, vieux papiers, souvenirs ….. Le clapotis de l’Auxance, les cloches qui carillonnent la messe, l’angelus qui réveille bien trop tôt les matins de vacances, le glas qui inquiète les femmes – qui est mort ? -,  le bruit des insectes butinant dans le pré, les cloches des vaches broutant sur l’autre rive, et le rire de maman ….

Mon grand père Achille Reau aimait prendre des photographies, qu’il développait ensuite lui même. Maman m’a dernièrement confié de nombreux clichés, parmi lesquels certains clichés pris par lui à Latillé, le village de son épouse, Marie Rose Guignard. Achille lui était de Chalandray, juste à côté, mais « ailleurs ».

La branche familiale la plus proche de notre époque à Latillé est la branche des Guignard.

Arbre de descendance de François Guignard et Angelina Peroche
Arbre de descendance de François Guignard et Angelina Peroche

 

Mon aieul François vivait et travaillait dans une maison au fond d’une venelle, dans le petit bourg de Latillé, juste en face de l’église. Sur un petit terrain acheté le long de la route d’Ayron, au carrefour du chemin qui descend vers le moulin de la Jupetière, il a bâti lui même une maison. A sa mort, en 1928, c’est sa fille Marie qui en a hérité. Adrien, seul fils, était mort de méningite en allant an front en 1915. Cette maison, tante Marie la donna à sa seule héritière, ma grand mère Marie Rose, longtemps avant son décès. C’est là que vit toujours maman, dans la maison construite par son arrière grand père.

J’ai une photo non datée de la maison – que je situe vers 1925 en me fiant à l’age de tante Marie, debout dans l’embrasure de la porte.

La maison familiale vers 1925 - collection privée
La maison familiale vers 1925 – collection privée

 

Je ne dispose pas de photo récente prise sous le même angle, le jardinet est maintenant protégé des regards par une haie … Mais voici la maison vue du chemin de la Jupetière, et derrière, tout près le clocher de l’église.

 

Collection privée
Collection privée

 

Allons donc nous promener chemin de la Jupetière et dans les prés le long de l’Auxance avec mon grand père …

 

Dans les prés de Latillé, vers 1931 - collection privée
Dans les prés de Latillé, vers 1931 – collection privée

 

Achille (1), Marie Rose (2), ses filles Françoise (3) et Monique (4) posent ici avec leurs amis la famille Dubois (5-6-7), des amis de mon grand père, dans les prés le long de l’Auxance. A partir de l’âge de Monique, entre 2 et 3 ans sur la photo, je suppose qu’on est  en été 1931 ou 1932.

 

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Montons le chemin qui va au cimetière. Nous voici dans un pré en surplomb de l’église, juste à coté du cimetière.

Collection privée
Collection privée

 

Mes grands parents Achille (1) et Marie Rose (2) posent ici avec le frère de mon grand père, Arsène Reau (5), et son épouse Sylvie Métivier (6), dont je vous ai présenté sur ce blog la photo de mariage. J’imagine que cette photo date de 1933, ou 1934. Ma mère, née en 1934, n’y est pas, mais n’y figurent pas non plus les trois premiers nés d’Arsène et Sylvie : Gabriel, Odile et François. Les bébés sont probablement restés à la garde d’une des grands mères. Rermarquez  les robes identiques de mes tantes. Ma grand mère était couturière, elle s’habillait et habillait ses filles, Françoise (3) et Monique (4), qui portent sur toutes les photos jusqu’à leur adolescence les mêmes vêtements. En arrière plan, le clocher de l’église de Latillé. (A)

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Descendons maintenant le chemin de la Jupetière. Nous sommes en avril 1936, Achille a lui même annoté le dos de la photo, et Michelle, leur troisième fille – maman – est de la promenade.

Dans le chemin de la Jupetière - collection privée
Dans le chemin de la Jupetière – collection privée

 

Vous reconnaissez Marie Rose (2), devant elle Monique (4) et Françoise (3), puis Marie Quintard (6), la mère de Marie Rose. Assis sur le muret de pierres, dans lequel des vipères se prélassent quand le soleil brule en été, est assis Achille (1), qui tient par la main Michelle (5), ma mère. En arrière plan, vous apercevez la maison (A) et le clocher de l’église (B).

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Descendons dans le pré, celui qui borde l’Auxance, où l’on descend de la maison de mon arrière grand mère en traversant le jardin potager.

Collection privée
Collection privée

On est en été 1936, l’été des congés payés. La famille Reau, – Marie Rose (1), Françoise (3), Monique (4), Michelle (5) – qui habite à Paris dans le 14ème, où mon grand père Achille (1) est militaire, est venue en vacances à Latillé. Le plus jeune frère de mon arrière grand mère Marie (6), Auguste Quintard (7) , est venu passer la journée avec sa femme Marguerite (8) , que je n’ai jamais appelée que tante Margot, et la mère de Marguerite (9). Et comme toujours quand il fait beau, toute la famille descend passer l’après midi dans le pré.

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Remontons le chemin en ce jour superbe d’été 2013. J’espère que vous avez pris plaisir à cette promenade sereine et heureuse dans les prés et les chemins de mon petit coin de Latillé.

Latillé, chemin de la Jupetière - aout 2013 - collection privée
Latillé, chemin de la Jupetière – aout 2013 – collection privée

 


9 réponses à “Latillé, mon village”

  1. Murielle Mestreau

    Bonjour Brigitte,
    Merci de partager cette très belle évocation d’une enfance qui était si douce et champêtre.
    Sur la photo du pré qui borde l’Auxance, Marie Rose -si je ne me trompe pas- est le n°2 (et non le 1qui est Achille).

    Murielle @Gironde2

    1. Brigitte

      Merci de ce commentaire et de cette lecture attentive. Il faut que je pense à corriger ca
      Brigitte

  2. CHAUSSEAU Roselyne épouse LASSINOT

    Agréable condensé de photos souvenirs de Latillé.
    Je suis la fille des agriculteurs producteurs de lait qui, j’espère vous a régalé.
    Merci d’en garder un si bon souvenir.
    Roselyne CHAUSSEAU.

    1. Brigitte

      Roselyne ….. Mais quel plaisir que ce commentaire. Je demande toujours de tes nouvelles a maman, et je n ai jamais oublie mon amie de vacances.
      Petit mail de reprise de contact a venir 🙂 et merci

  3. tres belle photo moi qui passe tous les jours je ne reconnait pas tout .mais de belle decouverte merci

  4. Cette promenade estivale a beaucoup de charme et tu y mêles avec beaucoup d’habileté photos anciennes et photos récentes. Merci pour ces instants de bonheur tranquille.

  5. Frédéric

    Bonjour,
    merci de nous faire partager vos souvenirs et vos photos personnels. Vous avez un sens de l’écriture extraordinaire car vous savez faire passer l’émotion.
    Ce texte éclaire vos recherches généalogiques et donne davantage de sens à vos textes antérieurs…
    « De ce petit coin du Poitou, ce triangle Ayron_Chalandray_Latillé qui regroupe une forte partie de l’ascendance de maman »
    j’ai hâte de lire la suite…
    cordialement
    Frédéric

    1. Brigitte

      Merci Frederic, c est facile de faire passer l emotion quand c est le coeur qui s exprime.

  6. Bel article, et bel hommage à ce village. Cela donne envie de s’y promener 🙂

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